La page d’accueil de la mission diplomatique américaine à Conakry offre un onglet intitulé «en marche vers la démocratie» et menant à ce compte à rebours en jours, heures, minutes et même secondes. Le compteur affichait dimanche 670 jours.
La junte s’est engagée sous la pression internationale et ouest-africaine à céder la place à des civils élus au bout de deux ans.
Le décompte de 670 jours correspond à un retour des civils au pouvoir le 31 janvier 2025. En vertu d’un accord entre la junte et la Communauté des Etats ouest-africains (Cédéao), la période transitoire de 24 mois a commencé le 4 décembre 2022. Des officiels guinéens ont dit publiquement qu’elle commençait en janvier 2023.
La junte dirigée par le colonel Mamady Doumbouya a fait savoir qu’elle réprouvait le procédé de l’ambassade, par la voix du ministre des Affaires étrangères Morissanda Kouyaté.
«Ce compte à rebours donne l’image d’un surveillant de classe veillant sur des élèves en examen, ce qui est évidemment inacceptable pour un pays jaloux de sa souveraineté et de son indépendance comme la République de Guinée», a-t-il dit sur la télévision d’Etat samedi soir.
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Il n’a «aucune valeur contraignante et ne devrait d’ailleurs pas exister», a-t-il déclaré. Il a ajouté avoir échangé avec des responsables de l’ambassade et obtenu l’assurance qu’il ne s’agissait pas d’exercer «une pression quelconque».
Il a rappelé l’engagement de la junte à se retirer au bout d’une période dite de transition de 24 mois.
Le colonel Doumbouya, qui s’est fait investir président, «à chaque occasion martèle que non seulement ces engagements seront respectés mais que ni lui ni aucun responsable de la transition ne seront candidats aux prochaines élections», a dit le ministre.
Il assure cependant que les relations entre la Guinée et les Etats-Unis sont «au beau fixe».
Les Etats-Unis ont condamné le putsch de 2021 et poussent à un retour rapide de civils librement élus à la tête du pays. Ils ont pris des mesures de restriction après le coup d’Etat, arrêtent notamment un régime de préférences commerciales.
L’ambassade des Etats-Unis n’a pas répondu dans un premier temps aux questions de l’AFP sur les motivations de ce compte à rebours et sur le calcul du temps censé rester à la junte.