Guinée: la présidentielle fixée au 28 décembre

Le chef de la junte, le général Mamadi Doumbouya.

Le 29/09/2025 à 06h57

Quatre ans après la prise du pouvoir par des militaires, les Guinéens voteront le 28 décembre pour élire un nouveau président, après la large victoire du oui la semaine dernière lors d’un référendum constitutionnel visant à la fin de la transition.

Les militaires dirigés par le général Mamadi Doumbouya s’étaient initialement engagés à rendre le pouvoir aux civils avant fin 2024, mais ont manqué à cette promesse.

Selon un décret lu samedi soir à la télévision nationale, le chef de la junte Mamadi Doumbouya a fixé la présidentielle au 28 décembre.

Cette annonce survient au lendemain de la publication des résultats définitifs du référendum sur un projet de nouvelle Constitution, largement approuvé par les Guinéens et qui devait ouvrir la voie à des élections présidentielle et législatives.

La date des législatives n’a pour le moment pas été fixée.

Le scrutin présidentiel, attendu depuis longtemps par la population, devrait acter la fin de la transition depuis la prise du pouvoir en septembre 2021 par M. Doumbouya, qui a renversé le président civil Alpha Condé.

Les militaires ont organisé la semaine passée ce référendum présenté comme une étape clef pour ouvrir la voie à un retour à l’ordre constitutionnel dans ce pays parmi les plus pauvres du monde, à l’histoire jalonnée de coups d’État et marqué par la violence de régimes autoritaires.

Main de fer

Le «oui» à la nouvelle Constitution l’a emporté à 89,38% et le «non» a recueilli 10,62%, selon les résultats définitifs validés samedi par la Cour suprême. Elle a été aussitôt promulguée par le chef de la junte.

Selon plusieurs observateurs, l’organisation du référendum a permis à la junte de donner le change aux exigences d’élection de la communauté internationale et des bailleurs. Les autorités souhaitent se normaliser et renouer avec les organisations régionales et internationales, disent-ils.

L’opposition accuse cependant le général Mamadi Doumbouya de vouloir se maintenir à la tête du pays à la faveur de ce référendum. Elle avait appelé au boycott du scrutin, dénonçant «une mascarade» aux «résultats connus d’avance».

Cette Constitution remplace la «Charte de la transition», établie par la junte après le coup d’État et qui interdisait notamment à ses membres de se présenter aux élections. Or, cette interdiction ne figure plus dans la nouvelle Constitution, ouvrant la voie à une candidature de Mamadi Doumbouya.

Tout semble indiquer qu’il sera candidat, en dépit de sa promesse de ne pas se présenter à une présidentielle.

Depuis son arrivée au pouvoir, M. Doumbouya, 40 ans, dirige le pays d’une main de fer. La junte a multiplié les restrictions des libertés.

Plusieurs partis politiques et médias ont été suspendus, les manifestations - interdites depuis 2022 - sont réprimées, et de nombreux dirigeants de l’opposition et de la société civile ont été arrêtés, condamnés ou poussés à l’exil. Les disparitions forcées et enlèvements se sont multipliés.

Jeudi, le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Volker Türk, a demandé à la Guinée de lever, avant les prochaines élections, les «interdictions, tout simplement inacceptables», visant les partis d’opposition et les médias.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 29/09/2025 à 06h57