Finalement la joie des partisans du charismatique opposant sénégalais n’aura été que de courte durée. quatre jours seulement, après la levée des barrières qui faisaient office de séquestration à son encontre, il est cette fois arrêté par la gendarmerie sur ordre du procureur.
Cette arrestation est intervenue vendredi. Selon la version de l’opposant Ousmane Sonko, une femme gendarme en civil, qui se trouve être agent des services secrets, avait entrepris de le filmer devant son domicile avec un téléphone portable. C’est alors qu’il a confisqué l’appareil et a exigé que la personne l’ouvre pour supprimer les images illégalement prises. Sur les réseaux sociaux, il a ensuite demandé au peuple sénégalais de se tenir prêt pour faire face aux abus.
Hier samedi, le procureur a lu la liste des charges retenues contre Ousmane Sonko, notamment sur la base de déclarations qu’il a faites et rassemblements auxquels il a participé depuis 2021.
Elle comprend l’appel à l’insurrection, atteinte à la sûreté de l’Etat, association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, complot contre l’autorité de l’Etat, actes visant à compromettre la sécurité publique et à créer des troubles politiques graves et vol.
«Cette arrestation n’a rien à voir avec la première procédure dans laquelle (Sonko) a été jugé par contumace», a déclaré le procureur Abdoul Karim Diop.
Il ajoute que Sonko a été arrêté vendredi pour avoir « volé avec violence le téléphone portable d’une femme gendarme » et pour avoir « aussitôt appelé le peuple, par un message subversif divulgué sur les réseaux sociaux, à se tenir prêt », selon le procureur.
Ousmane Sonko doit être interrogé lundi par un juge, a annoncé l’un de ses avocats. Le juge décidera ou non de retenir les charges qui pèsent contre lui.
En réalité, les déclarations que le procureur reproche à l’opposant au régime font partie de la tradition démocratique sénégalaise. En effet, sur les réseaux sociaux de nombreuses vidéos et images circulent montrant l’actuel Macky Sall, alors opposant à Abdoulaye, tenir des déclarations identiques.
L’opposant avait été condamné le 1er juin à deux ans de prison ferme dans une affaire de mœurs, un verdict qui le rend inéligible en l’état, soulignent ses avocats et des juristes. Sa condamnation a engendré début juin les troubles les plus graves depuis des années au Sénégal, qui ont fait 16 morts selon les autorités, une trentaine selon l’opposition.
L’opposant, investi candidat à la prochaine présidentielle par son parti, a par ailleurs été condamné le 8 mai à six mois de prison avec sursis à l’issue d’un procès en appel pour diffamation, une peine largement perçue comme le rendant inéligible pour l’élection. Mais il n’a pas encore épuisé ses recours devant la Cour suprême.