Les autorités béninoises et nigériennes multiplient ces dernières semaines les accusations mutuelles, avec comme point d’achopement la circulation des biens de part et d’autre de la frontière, et ce malgré la levée des sanctions de la Communauté des Etats d’Afrique de l’ouest (Cedeao) en février à l’encontre des autorités militaires de Niamey en place depuis le renversement du président nigérien élu Mohamed Bazoum.
Selon des informations recuillies par des journalistes de l’AFP, le passage du fleuve Niger est désormais verrouillé côté béninois. Le seul point de passage autorisé est le passage terrestre du pont de Malanville, ouvert côté béninois mais fermé côté nigérien.
«Le fleuve fait partie des frontières. Le Niger dit que ses frontières avec le Bénin sont fermées. C’est une conséquence», a déclaré à l’AFP une source proche du gouvernement.
Après la levée des sanctions de la Cedeao à l’encontre des autorités de Niamey, Porto-Novo avait rouvert ses frontières avec Niamey. Mais les autorités militaires au pouvoir au Niger n’ont jamais rouvert les leurs.
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Des marchandises, notamment des céréales, continuaient jusqu’à présent de transiter du Bénin vers le Niger via le fleuve, les autorités béninoises fermant les yeux sur ce trafic informel échappant aux droits de douanes, «en preuve de solidarité à l’égard de nos frères et soeurs nigériens», avait déclaré le président béninois Patrice Talon le 8 mai dans une vidéo diffusé par la présidence.
M. Talon avait déploré que le Niger traite le Bénin «comme un ennemi» et souligné «le prix économique, social et politique» de ce «trafic», le qualifiant «d’unique cause» de l’augmentation du coût de la vie au Bénin.
Le 11 mai, plusieurs milliers de Béninois avaient défilé dans les rues de Cotonou pour protester contre la chèreté de la vie.
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«La suspension a été progressive. On a d’abord interdit le passage des marchandises et maintenant on n’autorise plus de circulation sur l’eau. Nous avons été déployés par notre hiérarchie pour empêcher tout embarquement ici», a déclaré à l’AFP un militaire en faction sur la rive du fleuve à Malanville, sous couvert d’anonymat.
«Selon mes informations, le commissaire a reçu l’ordre de la hiérarchie pour empêcher tout mouvement sur le fleuve», a confirmé aussi anonymement un agent de police sur place.
Des habitants ont fait état d’un «important déploiement de policiers et de militaires» et attesté que de nombreux nigériens étaient bloqués à Malanville faute de pouvoir traverser le fleuve.