Eli Cohen a effectué jeudi à Khartoum un «voyage politique historique» selon le ministère israélien des Affaires étrangères.
Il a rencontré dans la capitale soudanaise le général Abdel Fattah al-Burhane, chef de facto du pays depuis son putsch le 25 octobre 2021, et le ministre nommé par ce dernier à la tête de la diplomatie, Ali al-Sidiq.
Ensemble, rapporte le ministère soudanais des Affaires étrangères, ils se sont «mis d’accord pour avancer vers une normalisation des relations».
En janvier 2021, alors que civils et militaires se partageaient le pouvoir au Soudan, Khartoum avait annoncé son adhésion aux accords d’Abraham -par lesquels trois autres Etat arabes ont reconnu Israël.
Le pays rompait ainsi avec la position inflexible du dictateur Omar el-Béchir, déchu en 2019, grand ennemi de l’Etat hébreu et longtemps proche du mouvement palestinien Hamas.
Mais en signant les Accords d’Abraham, le Soudan, au ban de la communauté internationale durant un long embargo sous Béchir, avait obtenu une aide financière des Etats-Unis, quelques semaines après son retrait de la liste américaine des Etats accusés de financer le terrorisme.
«Relations fructueuses»
Contrairement aux Emirats arabes unis, à Bahreïn et au Maroc, le Soudan n’a toutefois pas jusqu’ici fait suivre l’accord de mesures concrètes pour approfondir les liens. Et la ratification formelle par des institutions élues n’a toujours pas eu lieu, le pays nageant en plein marasme politique avant même le putsch.
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Depuis, la situation a radicalement changé à Khartoum: les civils -qui passent pour plus hostiles à la normalisation des relations avec Israël que les militaires- ont été débarqués du pouvoir et surtout, l’Etat a perdu 40% de son budget.
Car la communauté internationale a interrompu au lendemain du coup d’Etat son aide -deux milliards de dollars annuels-, une manne précieuse pour le pays, l’un des plus pauvres au monde.
Déjà, selon le Conseil souverain soudanais, que le général Burhane préside, ce dernier et Cohen ont discuté des «moyens d’établir des relations fructueuses» et des «projets possibles de coopération» dans des domaines aussi variés que la sécurité, l’agriculture, l’énergie, la santé, l’eau et l’éducation.
Le chef de la diplomatie israélienne, lui, doit donner en soirée une conférence de presse en Israël.
Régulièrement, la presse israélienne se fait l’écho de visites «secrètes» de responsables israéliens au Soudan, sans que les deux Etats n’infirment ou ne confirment ces rencontres.
Normalisation, «trahison»
Lors de son putsch, le général Burhane a limogé les civils et suspendu la transition vers la démocratie. Mais dès son tout premier discours, quelques heures après son coup d’Etat, il a assuré que son pays resterait lié par les accords internationaux qu’il avait signés.
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En novembre, le général Burhane a envoyé un message de félicitations au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui venait de remporter les législatives israéliennes avec ses alliés d’extrême droite et ultra-orthodoxes.
Les Emirats arabes unis, Bahreïn, et le Maroc ont normalisé leurs relations avec l’Etat hébreu sous l’égide de Washington dans le cadre des accords d’Abraham.
Ces accords de normalisation, qui ont brisé le consensus arabe selon lequel aucune entente n’est possible avec l’Etat hébreu sans résolution du conflit israélo-palestinien, ont été dénoncés comme une « trahison » par les Palestiniens.
Autre pays africain, le Tchad a inauguré jeudi une ambassade en Israël, quatre ans après la reprise des relations diplomatiques entre les deux Etats.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui a participé à l’inauguration de l’ambassade à Ramat Gan près de Tel-Aviv, avec le président tchadien Mahamat Idriss Déby Itno, a salué «un moment historique», d’après son bureau.