M. Boakai, dont l’âge avancé et l’état de santé sont sources de débats au Liberia, a dû faire une pause et a terminé son discours assis lors d’une cérémonie devant le Parlement en présence de délégations étrangères et de notables locaux qui s’est tenue sous une forte chaleur, selon une correspondante de l’AFP.
L’épuisement lié à la chaleur a contribué aux quelques minutes d’interruption de son discours, mais celui-ci s’est terminé avec succès et ses médecins ont conseillé au président de rentrer chez lui», a déclaré à l’AFP Amos Tweh, secrétaire général du parti de M. Boakai.
«Le président n’a pas été transporté à l’hôpital. Tout s’est bien passé, le président est normal et se porte bien. Il a repris ses fonctions habituelles», a-t-il ajouté.
Lutte contre l’impunité
Dans son discours, le président Boakai a insisté sur la nécessité de reconstruire les infrastructures défaillantes, d’améliorer les services de base pour tous et de donner les mêmes chances de réussite à tous les Libériens.
«Nous voyons des temps difficiles, nous voyons des dysfonctionnements (...) nous voyons de la corruption en haut lieu et en bas lieu. Et c’est dans ces conditions que nous sommes venus à la rescousse», a déclaré le président, promettant de s’atteler à l’impunité et de se battre pour le respect de l’Etat de droit.
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Le vétéran de la politique libérienne, vice-président de 2006 à 2018 sous la présidence d’Ellen Johnson Sirleaf et serviteur de l’Etat pendant plus de 40 ans, a remporté au second tour la présidentielle en novembre avec 50,64% des voix, contre 49,36% pour son adversaire George Weah.
Le scrutin a été pacifique, dans une Afrique de l’Ouest où la démocratie a été malmenée ces dernières années par une succession de coups d’Etat militaires (Mali, Burkina, Guinée, Niger).
M. Weah, qui avait battu M. Boakai en 2017 au second tour, a reconnu sa défaite avant l’officialisation de la victoire de son adversaire, s’attirant des louanges internationales.
M. Boakai entre en fonction alors que le pays ouest-africain de cinq millions d’habitants, en quête de stabilité après des années de guerres civiles et une épidémie d’Ebola, est confronté notamment à la corruption et à un niveau élevé de pauvreté.
Alliance sulfureuse
M. Boakai s’est durant les élections allié à des barons locaux, comme l’ancien chef de guerre Prince Johnson, qui avait soutenu George Weah en 2017 et qui bénéficie toujours d’un fort soutien dans sa province de Nimba (nord-est).
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M. Johnson, qu’une vidéo montra en train de siroter une bière pendant que ses hommes torturaient à mort le président Samuel Doe en 1990 et qui est sous sanctions américaines pour corruption, a placé l’un de ses hommes, Jeremiah Koung, au poste de vice-président de M. Boakai.
«Les attentes sur la présidence de Boakai sont élevées en raison de son expérience de l’Etat, de sa réputation de probité et de quelqu’un qui a essayé de vivre de la plus simple des manières», a déclaré à l’AFP un ancien élu local dans le comté de Nimba, Larry Nyanquoi.
«Tous les dirigeants (libériens) ont promis de réprimer la corruption et d’améliorer les conditions économiques (des populations) mais ont échoué à le faire. Il (Boakai) doit faire la différence», juge l’analyste Abdulla Kiatamba, du Geo Baraka group of strategists, un groupe de conseil.
Une baisse des prix de produits comme l’essence et le riz est attendue, selon John Kollie, le chef de l’ONG Liberia Media for democratic initiatives.
Le président élu avait appelé les Libériens à s’unir «comme un seul peuple pour reconstruire notre pays», dans une rare déclaration publique fin novembre après son élection. Il avait promis «d’étendre le développement à l’ensemble du pays», en construisant notamment des routes dans la région du Sud-Est, «négligée depuis des années».
Il avait aussi dit qu’il mènerait une réforme «radicale» de la sécurité et de la justice et ferait respecter l’Etat de droit.
Pour sa part, le président sortant Weah a annoncé tirer un trait définitif sur la présidence. Agé de 57 ans, il a invoqué son âge en 2029, date de la prochaine présidentielle, dans un enregistrement de ses propos auquel l’AFP a eu accès.