«Les Libériens ont démontré une fois de plus que la démocratie est vivante dans l’espace Cedeao et que le changement par des voies pacifiques est possible», a réagi la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest dans un communiqué.
La Cedeao a vécu depuis 2020 au rythme des changements abrupts de régime. Des militaires ont pris le pouvoir par la force dans quatre des quinze pays membres, Mali, Guinée, Burkina Faso et Niger.
Les présidentielles de 2020 en Côte d’Ivoire et en Guinée ont été entachées de violence et de contestation. Le Togo est dirigé par les Gnassingbé père et fils depuis presque 60 ans.
L’un des enjeux de la présidentielle au Liberia en était le déroulement pacifique et régulier, et l’acceptation des résultats. Des violences pendant la campagne et entre les deux tours ont fait craindre des lendemains heurtés. L’histoire du Liberia, sorti en 2003 de 14 années de guerre civile quasi ininterrompue, a joué dans cette inquiétude.
George Weah, en quête d’un second mandat, l’a dissipée en grande partie vendredi en admettant avoir perdu après la publication de résultats presque finaux donnant la victoire, serrée, à son vieux rival Joseph Boakai.
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«Ce soir, le CDC (la Coalition pour le changement démocratique, son parti) a perdu l’élection mais le Liberia a gagné. C’est le temps de l’élégance dans la défaite», a dit d’une voix ferme à la radio celui qui se signalait déjà par sa classe sur les terrains de foot.
M. Weah a indiqué avoir parlé à celui qu’il a appelé le «président élu» pour le féliciter. Il s’est dit «fier» d’avoir tenu «la promesse de la justice, de la paix, de l’inclusivité, de la transparence et de la crédibilité» faite avant l’élection.
Il a exalté les «principes démocratiques», à l’heure où ils sont remis en question dans la région. Il a pressé ses supporteurs de «suivre son exemple et d’accepter les résultats».
«Notre heure reviendra», a dit M. Weah, 57 ans, alors que ses intentions après la fin officielle de sa présidence en janvier 2024 ne sont pas connues.
«L’exemple» Weah
La Cedeao a indiqué elle aussi que la phase post-électorale était «cruciale», et a appelé «tous les Libériens à préserver et sauvegarder la paix et la sécurité».
Les partenaires étrangers ont salué le déroulement de l’élection, «pacifique» pour la Communauté ouest-africaine comme l’ONU et les Etats-Unis, important allié du Liberia. Ils ont complimenté le vainqueur déclaré.
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Stéphane Dujarric, le porte-parole du secrétaire général des Nations unies, a rappelé qu’il s’agissait des premières élections à se tenir sans la présence de la mission de l’ONU (2003-2018), créée pour garantir la paix après les guerres civiles.
Une mention spéciale a été décernée à M. Weah. «Le président Weah a fait montre de qualités d’homme d’Etat exemplaires», a dit sur X (ex-Twitter) Goodluck Jonathan, ancien président du Nigeria, à la tête d’une mission de médiation pendant les élections.
«Nous appelons tous les citoyens (libériens) à suivre l’exemple du président Weah et à accepter les résultats», a dit le département d’Etat américain.
Bola Ahmed Tinubu, le président du Nigeria, poids lourd de la Cédéao, s’est répandu en louanges sur le «leadership hors du commun» et la «sportivité démocratique» de M. Weah, «à un moment particulier de l’histoire de l’Afrique de l’Ouest où la démocratie subit les assauts d’acteurs malfaisants déterminés à subvertir la volonté du peuple».
M. Weah a «contrecarré l’idée reçue selon laquelle les transitions démocratiques étaient intenables en Afrique de l’Ouest», a dit M. Tinubu, lui-même élu en 2023 malgré les accusations de fraude de la part de ses adversaires.
Plusieurs présidentielles sont prévues en 2024 en Afrique de l’Ouest, au Sénégal, au Ghana (membres de la Cédéao), en Mauritanie, théoriquement au Mali et au Burkina Faso, dirigés par des militaires.