Le Malawi s’apprête à tenir, mardi, des élections législatives et présidentielle, après cinq années mouvementées marquées par des turbulences économiques, des catastrophes naturelles et la mort soudaine du vice-président du pays.
Quelque 7,2 millions inscrits devront départager 17 candidats en lice pour la présidentielle, élire 229 députés aux législatives et pourvoir 509 sièges de conseillers municipaux.
Le Malawi, un des pays les plus pauvres du monde, est passé dernièrement par des années particulièrement éprouvantes, aggravées par le Covid-19, le cyclone Freddy ayant fait 1200 morts en 2023, et la sécheresse qui a frappé l’Afrique australe en 2024.
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Ces catastrophes ont provoqué une flambée des prix alimentaires et plongé de nombreux Malawiens dans l’extrême pauvreté, au moment où la crise s’est exacerbée par un manque de devises étrangères, la dévaluation de la monnaie nationale, des pénuries de carburant et de fréquentes coupures d’électricité.
Selon un sondage Afrobarometer (2024), 58 % des citoyens citent la faim et les pénuries alimentaires comme problème majeur, 28 % la vie chère et l’agriculture, et 26 % la santé. En zones rurales, la sécurité alimentaire prime. En zones urbaines, l’inflation est la principale inquiétude.
Signe révélateur, un nombre record de 260 candidats indépendants se présentent aux législatives, dépassant les partis traditionnels.
Le pays a été gouverné par le Parti du Congrès du Malawi (MCP), depuis son indépendance en 1964 jusqu’aux premières élections multipartites de 1994. Depuis la fin du système de parti unique, le Front démocratique uni (UDF), le Parti démocratique progressiste (DPP), le Parti du peuple et le MCP ont tous exercé le pouvoir à tour de rôle.
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L’actuel président, Lazarus Chakwera (70 ans), brigue un second mandat, devant son principal rival Peter Mutharika, un octogénaire qui a déjà occupé la magistrature suprême de cette nation enclavée d’Afrique australe, dont la moitié de la population (plus de 21 millions d’habitants) a moins de 35 ans.
Sur les 17 prétendants, Chakwera et Mutharika se détachent clairement, les deux hommes devant s’affronter pour la quatrième fois, suite à l’annulation du duel de 2019.
La transparence et l’équité sont au centre des débats à l’approche du scrutin, étant donné que les résultats de l’élection présidentielle de 2019 avaient été annulés par la justice en raison d’irrégularités massives.
Ancien enseignant en théologie et prédicateur, Chakwera n’avait aucune expérience politique lorsqu’il prit la tête du MCP en 2013. Candidat malheureux en 2014, il a finalement triomphé en 2020 face au président sortant, Mutharika.
Peter Mutharika (85 ans) du DPP, lui, est un ancien avocat et professeur de droit, qui a dirigé le Malawi de 2014 à 2020.
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Les mandats des deux hommes ont été émaillés de difficultés économiques et d’accusations de corruption.
Parmi les autres candidats figurent également l’ex-présidente Joyce Banda (Parti du Peuple), l’actuel vice-président Michael Usi (Odya Zake Alibe Mlandu), et l’ancien gouverneur de la Banque centrale du Malawi Dalitso Kabambe du Mouvement uni pour la transformation (UTM).
En juin 2024, le vice-président Saulos Chilima est décédé dans un crash d’avion. Très populaire auprès des jeunes, il dirigeait le parti UTM et aurait pu être un candidat majeur.
À la suite de la controverse de l’élection de 2019, le Malawi a instauré un nouveau système électoral en vertu duquel un candidat doit obtenir plus de 50 % des suffrages exprimés pour être élu président dès le premier tour.
Les candidats de cette année ont peu de chance d’atteindre ce seuil, ce qui les obligerait à organiser un second tour. Le MCP et le DPP tenteront probablement de rallier d’autres petits partis afin de garantir une majorité.
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En août 2025, une nouvelle loi a permis à environ 80 000 agents électoraux, policiers et militaires de voter sur leur lieu d’affectation. La plus importante réforme reste l’intégration formelle du pouvoir judiciaire dans la gestion électorale via un Comité judiciaire des élections.
Les résultats de l’élection présidentielle seront annoncés au plus tard le 24 septembre, alors que ceux des législatives seront proclamés au plus tard le 30 septembre.
Le déroulement des élections sera suivi par des observateurs de l’Union africaine, de la SADC, du COMESA et de l’Union européenne.