L’ouverture des classes en Mauritanie est officielle depuis le lundi 7 octobre dernier, avec pour toile de fond une réforme introduite par une loi d’orientation adoptée en juillet 2022. Ce texte vise à instaurer une école républicaine qui supprime progressivement l’enseignement du français dans le cycle primaire des établissements privés. Ainsi, les enfants sont désormais tenus de s’inscrire à l’école publique.
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Cette option suscite de nombreuses interrogations quant à la capacité d’accueil des écoles publiques, la disponibilité des ressources humaines, des outils matériels, didactiques et pédagogiques nécessaires.
Malick Diagne Ba, responsable d’une école privée et professeur de philosophie depuis 1976 évoque une rentrée scolaire dans des conditions difficiles, difficultés imputables à une réforme qui touche déjà les trois premières années du cycle primaire. Cela entraîne d’énormes perturbations au niveau des familles et de l’organisation des écoles.
Le retrait des classes de première, deuxième et troisième années primaires, qui permettait auparavant de compenser le déficit financier dans le secondaire, produit un impact négatif sur la trésorerie des groupes scolaires privés.
Parallèlement, cette réforme provoque une surcharge des effectifs dans les écoles publiques, incapables d’absorber tous les élèves, malgré des classes pouvant parfois atteindre un effectif de 100 élèves. Ces derniers sont contrains de quitter le privé pour intégrer une école publique qui n’est pas préparée à les accueillir.
Amadou Sarr, responsable dans une école privée et professeur de sciences naturelles depuis plus de 25 ans, attire l’attention sur une chute significative des inscriptions au niveau du cycle fondamental des écoles privées, suite à la suppression de ces trois classes.
Il note cependant l’insistance des parents à faire inscrire leurs enfants dans le cycle primaire des écoles privées, alors que les propriétaires et gestionnaires de ces établissements ont les mains liées. Sarr signale que les établissements publics sont saturés et dans l’incapacité d’accueillir davantage d’élèves.