L’ex-chef de l’État a été reconnu coupable de 3 infractions sur la base de la loi anticorruption adoptée en 2016 (enrichissement illicite, blanchiment de capitaux et financement du terrorisme). Ces faits sont liés à sa décennie de gouvernance.
Cette décision marque l’épilogue d’une année de procès au cours duquel Aziz a refusé de parler en s’abritant derrière l’irresponsabilité pénale attachée au statut du président de la République prévue par l’article 93 de la constitution et dénoncé une affaire politique.
L’ex-chef de l’État a cependant révélé au moment de son ultime passage à la barre avoir bénéficié de 3 dons de 5,5 millions de dollars, 5 millions d’euros et une cinquantaine de véhicules de la part de son successeur, Mohamed Cheikh El Ghazouani.
Les autres responsables de l’administration de Mohamed Abdel Aziz, parmi lesquels deux anciens Premiers ministres et deux ex-ministres, ont été acquittés.
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Les réactions des Mauritaniens sont contrastées après ce verdict.
Maitre Brahim Ebetty, avocat de l’État de Mauritanie, constitué partie civile dans le dossier, rappelle les infractions objets de la condamnation. Il salue un verdict conforme à la loi de 2016 relative à la lutte contre la corruption et aux engagements internationaux de la Mauritanie, et met en avant la valeur pédagogique d’une décision de justice devant inspirer les règles de gestion des affaires publiques en Mauritanie et dans la sous-région.
Mohamed Mahmoud ould Tolba, responsable de l’ONG «Transparency Mauritanie» rappelle l’attachement de cette organisation aux principes de la reddition des comptes et son rôle dans le traitement du dossier, matérialisé par une constitution de partie civile, dans l’objectif de recouvrer des biens publics.
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Toutefois, il reste sceptique par rapport à l’acquittement des autres responsables de l’administration, estimant que l’ancien chef de l’État ne devrait pas être seul à porter le chapeau d’une gouvernance qui impliquait toute une chaine d’hommes.
Mohamed Nezilou, journaliste, rappelle son attachement aux principes de la reddition des comptes.
Cependant, il estime que le verdict de ce lundi 4 décembre 2023 soulève de nombreuses interrogations. En effet, le fait de condamner l’ancien président de la République, Mohamed Abdel Aziz, à 5 ans de prison, en écartant la responsabilité des autres acteurs, Premiers ministres et ministres de l’époque, renvoie l’image d’un exercice dénué de souci de bonne gouvernance, qui débouche sur une décision bancale et discriminatoire.