À Dakar, la nouvelle en a choqué plus d’un. Beaucoup peinent à comprendre pourquoi un pays comme le Sénégal, réputé stable et démocratique, est ciblé par cette mesure.
«Honnêtement, c’est une surprise. Le Sénégal a toujours été présenté comme un modèle de démocratie en Afrique de l’Ouest. On entretient des relations diplomatiques solides avec les États-Unis, et les visites officielles de chefs d’État américains chez nous en sont la preuve», soutien Al Amine Senghor, journaliste.
Un avis partagé par de nombreux citoyens. Dans les rues de Dakar, c’est l’incompréhension qui domine. Thierno Kane, explique lui aussi son étonnement. «Franchement, je ne comprends pas. On a toujours été un pays ouvert, en paix. Nos jeunes rêvent d’étudier ou de travailler aux États-Unis. Pourquoi viser le Sénégal maintenant?».
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Derrière ces craintes, il y a les conséquences économiques, diplomatiques et sociales du «travel ban» qui pourraient être lourdes pour le Sénégal. Économie, échanges commerciaux, visas étudiants ou professionnels: c’est tout un pan de la relation bilatérale qui pourrait vaciller.
«Si cette interdiction entre en vigueur, elle aura un impact direct sur notre économie, surtout pour les secteurs liés à la diaspora et aux transferts de fonds. Sans oublier les partenariats universitaires, les échanges culturels, les programmes comme le MCC ou YALI. Et surtout, ça risque de renforcer le sentiment d’injustice chez une jeunesse déjà fragilisée», explique Al Amine Senghor.
Pour beaucoup de jeunes Sénégalais, les États-Unis symbolisent un avenir possible. Cette perspective pourrait brutalement se refermer, aggravant le désenchantement et la tentation d’y partir coûte que coûte, par d’autres voies.
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Et les restrictions de voyages ont déjà commencé à toucher les Sénégalais. L’équipe nationale féminine de basketball en a récemment fait les frais. Cinq joueuses et treize membres du staff se sont vu refuser le visa américain par les autorités consulaires, les empêchant de préparer une compétition continentale. Un épisode qui illustre la fragilité de ces relations, même dans des domaines aussi éloignés de la politique que le sport.
Si la décision définitive de la liste des pays qui seront frappés par «travel ban» sera annoncée d’ici 60 jours, le temps pour les 36 pays de se conformer aux exigences américaines, elle illustre la nouvelle ligne dure la politique migratoire américaine. Reste à savoir si le Sénégal, comme les autres pays ciblés, trouvera un terrain d’entente avec Washington avant l’expiration du délai. Le compte à rebours a commencé.