«Alors que plusieurs appels à manifester sont diffusés pour le 3 août, la France rappelle que la sécurité des emprises et des personnels diplomatiques sont des obligations au titre du droit international, et notamment des Conventions de Vienne», souligne le ministère français des Affaires étrangères.
C’est précisément une manifestation violente contre l’ambassade de France, dimanche à Niamey, qui avait conduit mardi le gouvernement français à lancer une opération d’évacuation de ses ressortissants.
Plus de 1.000 personnes ont été évacuées depuis mercredi par Paris et Rome, notamment des Américains, Canadiens, Belges.
Les quatre premiers vols français ont permis d’évacuer 992 personnes, dont 560 Français, «aux côtés de nombreux ressortissants étrangers».
Les Etats-Unis ont ordonné mercredi l’évacuation de leur personnel non essentiel à l’ambassade de Niamey. Londres a fait de même jeudi «en raison de la situation sécuritaire». Le ministère britannique des Affaires étrangères a même évoqué «des protestations qui peuvent être violentes».
La situation se tend un peu plus chaque jour depuis que l’ex-chef de la garde présidentielle, le général Abdourahamane Tiani, a pris le pouvoir à la tête d’une junte le 26 juillet, retenant le président Mohamed Bazoum depuis.
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La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), présidée par le Nigeria, a dit se préparer à une opération militaire même si elle a souligné qu’il s’agissait de «la dernière option sur la table».
Les chefs d’état-major ouest-africains sont réunis à Abuja, au Nigeria, jusqu’à vendredi, deux jours avant l’expiration dimanche d’un ultimatum de la Cédéao exigeant un retour à l’ordre antérieur.
Une délégation de la Cédéao, conduite par l’ex-président nigérian Abdulsalami Abubakar, a parallèlement été envoyée à Niamey pour «négocier» avec les putschistes.
En ligne avec le blocus économique décidé dimanche, le Nigeria a coupé son approvisionnement en électricité au Niger, qui dépend énergétiquement à 70% de son voisin.
La Banque mondiale, qui a dépensé 1,5 milliard de dollars d’aides au Niger en 2022, a annoncé la suspension des versements «pour toutes ses opérations et jusqu’à nouvel ordre».
Rejet «en bloc»
En face, la junte a envoyé un émissaire au Mali, qui a affiché son soutien à la junte de Niamey, tout comme le Burkina Faso - deux pays dirigés par des militaires depuis des coups de force. Le général nigérien Salifou Mody, porteur d’un message de remerciement à Bamako, s’est félicité de la bonne coopération actuelle entre les deux pays, selon RFI.
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La junte a accusé lundi la France, ancienne puissance coloniale, de vouloir «intervenir militairement», ce que Paris a démenti fermement. Burkina Faso et Mali affirment que toute intervention armée serait considérée «comme une déclaration de guerre» à leurs deux pays et entraînerait leur retrait de la Cédéao.
A Niamey, le général Tiani a déclaré rejeter «en bloc les sanctions» et refuser «de céder à toute menace», dans un discours télévisé, à la veille de la commémoration de l’indépendance du pays. «Nous refusons toute ingérence dans les affaires intérieures du Niger».
Il a assuré que les Français, «qui n’ont jamais été l’objet de la moindre menace», n’avaient «aucune raison objective de quitter le Niger».
La France a vu dans les protestations de dimanche «une manifestation organisée, non spontanée, violente, extrêmement dangereuse, avec des cocktails Molotov, des drapeaux russes qui sont apparus, des slogans antifrançais copié collé de ce que l’on peut avoir ailleurs», selon sa cheffe de la diplomatie, Catherine Colonna, qui relevait «tous les ingrédients habituels de la déstabilisation à la mode russo-africaine».
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La Russie, qui avait demandé lundi le «retour à la légalité», a elle appelé au «dialogue» pour éviter une «dégradation de la situation», estimant que la «menace de recourir à la force contre un Etat souverain ne contribuera(it) pas à désamorcer les tensions et à résoudre la situation dans le pays».
Pas d’évacuation des militaires
Pour l’instant, l’évacuation des quelque 1.500 soldats français postés dans ce pays stratégique n’est «pas à l’ordre du jour», selon l’état-major des armées françaises.
Pas question non plus pour les Etats-Unis qui disposent aussi d’un millier de soldats déployés dans le pays dans le cadre de la lutte contre les groupes jihadistes au Sahel.
Ils ne ne parlent pas de «coup d’Etat», estimant qu’il reste encore une «petite fenêtre» pour la diplomatie et le rétablissement du président Bazoum dans ses fonctions, auquel le secrétaire d’Etat Antony Blinken a affirmé le «soutien inébranlable des Etats-Unis».