Quelque 94 millions d’électeurs sont appelés à choisir le successeur de Muhammadu Buhari, qui ne peut se représenter après ses deux mandats à la tête du pays le plus peuplé d’Afrique (environ 215 millions d’habitants).
Depuis un bus à impériale, le candidat du parti au pouvoir (Congrès des progressistes - APC) Bola Tinubu, 70 ans, a paradé dans les rues de Maiduguri, dans l’Etat régional de Borno (nord-est).
Plusieurs centaines de supporters l’ont accompagné jusqu’à un complexe sportif où une foule garnie, agitant drapeaux et banderoles, l’attendait pour entendre son discours. Le dernier meeting de campagne de Tinubu est programmé mardi dans la capitale économique Lagos.
Dans l’Etat voisin d’Adamawa, le candidat du principal parti d’opposition (Parti démocratique populaire - PDP), Atiku Abubakar, 76 ans, a également traversé les rues de la capitale régionale, Yola.
Sur le lieu de son meeting, une foule importante était rassemblée dans une ambiance festive de danses et de chants.
Vice-président du Nigeria entre 1999 et 2007, Atiku Abubakar en est à sa sixième candidature à l’élection présidentielle.
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«Il a attendu bien longtemps pour cette opportunité et nous avons prié pour quelqu’un qui unifie, un homme qui ramène l’unité dans le pays», a déclaré à l’AFP un de ses soutiens.
L’outsider de la présidentielle, Peter Obi, candidat à 61 ans du Parti travailliste, ne tenait pas de meeting samedi mais avait appelé ses partisans à se rassembler dans plusieurs villes du pays. Ainsi, à Abuja, la capitale, plusieurs centaines d’entre eux ont défilé du centre-ville à la sortie de la ville en chantant au son des vuvuzelas.
«On va reprendre notre pays», a lancé, optimiste, Maureen Kabrik, femme d’affaires. «C’est le seul qui sort du lot, c’est le seul qui parle au peuple.»
Un autre candidat à la présidentielle, Rabiu Kwankwaso, a également tenu une réunion publique dans l’Etat de Taraba (nord).
Attaques incessantes
La campagne présidentielle se déroule dans un contexte de tensions liées à une grave pénurie d’argent liquide, à la suite de la décision de la Banque centrale d’introduire de nouvelles coupures, et d’insécurité croissante.
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Samedi matin, des hommes armés ont ainsi attaqué un poste de police dans la région d’Ogidi, dans l’Etat d’Anambra (sud-est), tuant trois policiers.
«Les malfaiteurs ont commencé à tirer de manière sporadique en approchant de la zone et ils ont lancé des engins explosifs et des cocktails Molotov, ce qui leur a permis d’entrer (dans le poste de police)», a précisé le porte-parole de la police régionale Ikenga Tochukwu, dans un communiqué. «Trois policiers ont payé le prix ultime», a-t-il ajouté.
Les violences armées dans le sud-est du pays, en proie à une agitation séparatiste héritée de la guerre du Biafra, ne sont qu’un des nombreux défis auxquels sont confrontées les forces de sécurité, qui luttent depuis 14 ans contre une insurrection jihadiste dans le nord.
Et un nouveau front s’est ouvert ces dernières années: dans le nord-ouest et le centre, des gangs criminels, qui trouvent leurs racines dans un conflit entre éleveurs et agriculteurs, opèrent en toute impunité dans les zones rurales, attaquant des villages et des voyageurs sur les routes.
Des pénuries de carburant et de billets de banques à travers le pays provoquent également la colère des Nigérians, dont une majorité vit dans la pauvreté: depuis deux semaines, des émeutes ont éclaté sporadiquement dans plusieurs villes du nord et du sud, des manifestants bloquant des routes ou s’attaquant aux banques. La dernière en date a affecté Lagos vendredi.