Le Conseil a en revanche validé les candidatures de deux autres opposants historiques, Cabral Libii, du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN), et Joshua Osih du Social Democratic Front (SDF).
«Le Conseil constitutionnel a estimé que la candidature» de M. Kamto «ne peut pas être valide et la conséquence immédiate, c’est qu’il ne participera pas à la compétition présidentielle» a déclaré l’avocat de M. Kamto, Me Hippolyte Meli Tiakouang, à l’issue de l’audience du Conseil Constitutionnel à Yaoundé.
La candidature de l’opposant, arrivé deuxième du scrutin présidentiel d’octobre 2018, avait été écartée fin juillet par Elections Cameroon (Elecam), l’organe en charge de l’organisation des scrutins, en raison d’une «pluralité d’investitures» du Mouvement africain pour la Nouvelle Indépendance et la Démocratie (Manidem), parti sous l’étiquette duquel M. Kamto entendait se présenter.
Il avait déposé un recours contre cette décision devant le Conseil constitutionnel. Le président du Conseil constitutionnel, Clément Atangana, a jugé mardi son recours recevable, mais l’a rejeté «au fond, car non justifié».
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Après cette annonce, M. Kamto a quitté les lieux sans s’exprimer.
Le dossier d’un autre candidat, également déposé sous l’étiquette du Manidem, a lui aussi été écarté par le Conseil constitutionnel.
«C’est une décision politique. Nous en prenons acte. Les états-majors vont se réunir. Pour le moment, on ne fera pas de déclaration. On réfléchit sur la décision et on avisera» a réagi Anicet Ekane, le président du Manidem.
Ancien président du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), M. Kamto avait démissionné fin juin de son parti et choisi de se présenter sous l’étiquette du Manidem, en raison d’une disposition de la loi électorale camerounaise.
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Selon le code électoral, seuls les partis disposant d’élus au parlement ou dans les conseils municipaux peuvent participer à l’élection présidentielle. Or le MRC a boycotté les dernières élections législatives et municipales en 2020.
Tensions
La décision attendue du Conseil constitutionnel sur la participation du plus farouche opposant au président Biya, âgé de 92 ans et à la tête de l’Etat depuis 1982, a cristallisé les tensions depuis lundi, date de l’ouverture du contentieux pré-électoral.
Aucun organe de presse n’a été autorisé à retransmettre en direct les débats et les décisions du Conseil constitutionnel.
Le ministère de l’Administration territoriale a également annoncé avoir arrêté plusieurs personnes accusées de troubles à l’ordre public aux abords de l’institution.
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Ce scrutin présidentiel intervient dans un contexte de fragilité politique sociale et économique, marqué par la crise qui perdure depuis 2016 dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, un chômage galopant et une soif de changement exprimée par une partie de la jeunesse.
Mais l’opposition camerounaise, historiquement divisée, peine un nouvelle fois à s’unir. Samedi, un collectif de représentants de plusieurs partis a publié un communiqué dans lequel ils se sont engagés à choisir «un candidat consensuel autour d’un programme commun» sans qu’aucun nom ne soit encore avancé.
Après l’exclusion de la candidature de Maurice Kamto par Elecam, Human Rights Watch (HRW) avait exprimé «des inquiétudes quant à la crédibilité du processus électoral».
L’ONG avait dénoncé une décision qui «reflète l’intolérance de longue date du gouvernement à l’égard de toute opposition et de la dissidence, et intervient dans un contexte de répression accrue des opposants, des militants et des avocats depuis le milieu de l’année 2024».