Présidentielle en Côte d’Ivoire: l’opposant Gbagbo lance le mot d’ordre: «Trop, c’est trop»

L'ancien président ivoirien et président du Parti populaire africain de Côte d'Ivoire (PPA-CI) Laurent Gbagbo salue ses partisans aux côtés de son épouse Nady Bamba lors d'un meeting à Abidjan le 8 février 2025, en prévision de l'élection présidentielle d'octobre 2025.. AFP or licensors

Le 26/04/2025 à 20h22

L’ancien président et opposant ivoirien Laurent Gbagbo, exclu de la présidentielle d’octobre en raison d’une condamnation judiciaire, a lancé samedi à Abidjan le mot d’ordre «Trop, c’est trop» dans un pays «fracturé en deux» entre les «opprimés» et les «privilégiés».

«Nous devons réunir tous ceux qui ont quelque chose à déplorer. La vie est trop chère pour toi? Nous t’ouvrons les portes. Trop,c’est trop», a-t-il lancé devant plusieurs centaines de cadres et militants au siège de son parti.

Selon lui, cela doit être une «protestation multiforme et permanente» dans un pays qui connaît depuis une décennie une croissance économique de plus de 6% mais avec une inflation qui s’établissait l’an dernier à 3,5% et des inégalités qui se creusent.

«Il faut donner la parole à tous ceux qui veulent se plaindre de tous les méfaits de la politique» menée par les autorités. «On ne peut pas continuer comme cela, dans la gadoue, les pieds dans la gadoue, toujours dans la gadoue. Ce n’est pas possible», a insisté l’ancien chef de l’Etat (2000-2011).

Le comité central de son parti, le PPA-CI, (Parti des peuples africain - Côte d’Ivoire), réuni dans l’après-midi, a ensuite appelé dans un communiqué les militants à «aller à la rencontre de ceux que la précarité écrase chaque jour davantage».

«Nouveau palier»

Il a appelé à une «évaluation» de la campagne «Trop, c’est trop» la «première quinzaine de juin». Passé ce délai, le parti de M. Gbagbo «se réserve le droit d’un nouveau palier dans la lutte ». La publication de la liste électorale définitive est prévue le 20 juin.

M. Gbagbo, 79 ans, s’est montré plusieurs fois déterminé à participer à la présidentielle d’octobre, malgré son inéligibilité.

Le parti a réitéré son appel pour réintégrer M. Gbagbo sur la liste, mettre en place un «nouvel organe électoral consensuel» et a demandé un audit de la liste électorale.

Il avait écopé de 20 ans de prison pour des faits liés à la grave crise post-électorale de 2010-2011 qui a fait quelque 3.000 morts.

Il a été acquitté par la justice internationale et a pu rentrer en Côte d’Ivoire mais faute d’amnistie du président Alassane Ouattara après sa condamnation ivoirienne, il ne peut pas être réinscrit sur la liste électorale.

Concernant le principal parti d’opposition, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), dont le candidat déclaré à la présidentielle Tidjane Thiam, vient d’être radié de la liste électorale, il a promis un «soutien» mais «en n’espérant rien en retour».

«Nos amis du PDCI discutent, se disputent mais c’est leur problème intérieur (interne). On doit les soutenir pour qu’ils ne disparaissent pas», a-t-il ajouté, sans jamais prononcer le nom de M. Thiam, un banquier international âgé de 62 ans.

Mardi, un tribunal d’Abidjan a radié M. Thiam de la liste électorale, estimant qu’il avait perdu sa nationalité ivoirienne lors de son inscription sur cette liste en 2022. La décision n’est susceptible d’aucun recours et ferme donc la porte à sa candidature.

Né en Côte d’Ivoire, il avait obtenu la nationalité française en 1987 et y avait renoncé en mars afin de se présenter à la présidentielle, un scrutin pour lequel un candidat ne peut être binational.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 26/04/2025 à 20h22