La RDC accuse Kigali de soutenir le M23, ce que le Rwanda conteste.
«Contrairement aux déclarations du président de la RDC (affirmant) que son pays est focalisé sur une résolution diplomatique du conflit (...), des récentes déclarations et actions» montrent que Kinshasa est «sur la voie d’une escalade militaire continue», ont affirmé les autorités rwandaises dans un communiqué.
«Depuis le 20 octobre, dans sa stratégie de barbarie habituelle, le M23, supplétif du Rwanda, a attaqué les positions des Forces armées de la République démocratique du Congo, provoquant à nouveau des morts inutiles et des milliers de déplacés», a de son côté accusé lors d’un point de presse hebdomadaire à Kinshasa Patrick Muyaya, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement. «Nous avons été obligés de réagir», a-t-il ajouté.
Un bilan officiel diffusé dimanche soir par l’armée faisait état de quatre civils tués et 40 blessés durant les combats ayant repris jeudi dans le territoire de Rutshuru (province du Nord-Kivu) après plusieurs semaines d’accalmie.
Dans la matinée, un habitant de Ntamugenga, Jean-Baptiste Mapendo, interrogé par téléphone depuis Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, évoquait sept morts, inhumés lundi matin «avant la reprise des combats». Dans la soirée, il indiquait que le bilan était passé à dix morts.
Dimanche, le chef de ce village avait annoncé qu’il venait d’être pris par le M23 («Mouvement du 23 mars»), ancienne rébellion à dominante tutsi qui a repris les armes fin 2021 en reprochant à Kinshasa de ne pas avoir respecté des accords sur la réinsertion de ses combattants.
Le M23 a depuis conquis du terrain dans la province du Nord-Kivu, notamment en juin la cité de Bunagana, à la frontière avec l’Ouganda.
Initiatives diplomatiques
«La population est toujours enfermée à l’hôpital de Ntamugenga, d’autres habitants sont dans des écoles, des églises et le couvent», a précisé Gédéon Serugari, chef du groupement Bweza, dans lequel se trouve Ntamugenga, village situé à environ 4 km de la RN2, route stratégique desservant Goma.
Médecins sans frontières (MSF) avait indiqué dimanche que 500 personnes, certaines blessées, s’étaient réfugiées dans un couvent de Ntamugenga. L’ONG a appelé à la création d’un corridor humanitaire pour évacuer les civils.
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Selon le bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha) en RDC, au moins 23.000 personnes auraient été déplacées par ces violences depuis le 20 octobre, chiffre incluant 2.500 habitants ayant traversé la frontière ougandaise.
Depuis mars, « les affrontements ont déplacé au moins 186.000 personnes, portant le nombre total de personnes déplacées dans le territoire de Rutshuru à plus de 396.000″, selon la même source.
«Nous appelons tous les groupes armés à respecter le droit humanitaire international» et à permettre aux organisations «d’accéder aux personnes qui en ont le plus besoin», a dit à New York Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général des Nations unies.
Dans son point de presse, Patrick Muyaya a évoqué les initiatives diplomatiques lancées à Nairobi, Luanda ou en marge de l’assemblée générale de l’ONU à New York par le président français Emmanuel Macron, qui avait réuni les présidents congolais Félix Tshisekedi et rwandais Paul Kagame, pour tenter de ramener la paix dans la région.
Mentionnant aussi la récente visite à Londres du chef de l’Etat congolais, il a rappelé que celui-ci avait rencontré le roi Charles III. Les deux dirigeants «ont agréé sur la nécessité de combiner les efforts, et le roi a promis de s’impliquer, pour faire suffisamment pression sur le Rwanda pour que cessent toutes ces tueries dans la partie Est de la RDC», a-t-il déclaré.