L’annonce fait suite aux discussions dans la capitale kényane Nairobi sur la mise en œuvre de l’accord de paix signé le 2 novembre à Pretoria, notamment le désarmement des forces rebelles, le rétablissement de l’autorité fédérale au Tigré et l’acheminement de l’aide.
L’accord signé samedi par le maréchal Berhanu Jula, chef d’état-major des Forces armées éthiopiennes (ENDF), et le général Tadesse Worede, commandant en chef des forces rebelles du Tigré, prévoit «un accès humanitaire à tous ceux dans le besoin au Tigré et dans les régions voisines». Le document signé prévoit également «des garanties de sécurité pour les travailleurs humanitaires».
Cela sera «avec effet immédiat», a déclaré de son côté l’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo, envoyé spécial de l’Union africaine (UA) pour la Corne de l’Afrique.
«Nous nous sommes battus ces deux dernières années pour défendre nos intérêts (...) nous avons subi des misères indicibles», a déclaré Tadesse Worede. «Et nous souffrons toujours», a-t-il poursuivi.
«Notre engagement est d’amener la stabilité et la paix», a assuré le maréchal Berhanu Jula.
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Cet accord est un moyen de «faire taire les armes», selon l’ancien président kényan Uhuru Kenyatta, envoyé spécial de l’UA.
Jeudi, le gouvernement d’Addis Abeba avait affirmé que l’aide «afflue comme jamais auparavant» au Tigré. Les autorités ont également dit contrôler environ 70% de la région du Tigré.
Ces affirmations «ne s’appuient sur aucune réalité», avait alors répondu à l’AFP Getachew Reda, porte-parole des autorités rebelles du Tigré.
Un travailleur humanitaire basé au Tigré avait également démenti à l’AFP toute arrivée d’aide dans cette région de six millions d’habitants quasiment coupée du monde et en proie à une très grave crise humanitaire.
Mercredi, le patron de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) Tedros Adhanom, lui-même Tigréen et ancien haut responsable du parti dont sont issues les autorités rebelles, avait déjà dénoncé l’absence d’arrivée d’aide au Tigré depuis l’accord de paix signé à Pretoria.
Malgré l’accord de paix, l’accès à une partie du nord de l’Ethiopie, dont le Tigré, reste interdit aux journalistes. Il est donc impossible de vérifier ces assertions et de connaître les positions précises des belligérants avant ou depuis l’accord de paix.
Crimes contre l’humanité
Les combats au Tigré ont repris le 24 août après une trêve de cinq mois.
Le Tigré est coupé du reste du pays et privé d’électricité, de réseaux de télécommunications, de services bancaires et de carburant. L’acheminement routier et aérien de l’aide humanitaire est également totalement interrompu depuis la reprise des combats.
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Le conflit au Tigré a commencé en novembre 2020 quand le premier ministre éthiopien Abyi Ahmed y a envoyé l’armée fédérale arrêter les dirigeants de la région, qui contestaient son autorité depuis des mois et qu’il accusait d’avoir attaqué des bases militaires fédérales sur place.
Initialement défaites, les forces rebelles du Tigré ont repris le contrôle de la majeure partie de la région courant 2021, lors d’une contre-offensive qui a débordé en Amhara et en Afar et les a vues s’approcher d’Addis Abeba.
Les rebelles se sont ensuite repliés vers le Tigré.
Le bilan de ce conflit marqué par d’innombrables exactions, qui s’est déroulé largement à huis clos, est inconnu. Mais l’International Crisis Group (ICG) et Amnesty international (AI) le décrivent comme «un des plus meurtriers au monde».
Des crimes contre l’humanité ont été commis «par toutes les parties» en toute «impunité» au Tigré, avait accusé le 26 octobre Amnesty International, qui n’excluait pas un «génocide».
La guerre a aussi déplacé plus de deux millions d’Ethiopiens et plongé des centaines de milliers de personnes dans des conditions proches de la famine, selon l’ONU.