En principe, en Guinée, le régime militaire dirigé par le président Mamadi Doumbouya devait rendre le tablier fin décembre 2024, organiser les élections et rendre le pouvoir aux civils. C’est en substance ce que dit l’accord avec la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao).
Cependant, en recevant les formations politiques, le 26 mars dernier, le Premier ministre Bah Oury a tenu des propos qui laisseraient entendre qu’il serait impossible de tenir des élections au délai fixé: «Le principe de réalité nous oblige, dans ce contexte, à savoir que les consultations électorales ne pourront pas de manière effective se tenir au cours de l’année 2024. C’est une situation de fait, ce n’est pas une volonté politique de retarder le retour à l’ordre constitutionnel. Et à tous les niveaux nous allons échanger avec l’ensemble des partenaires de la République de Guinée sur ce sujet pour qu’on en tire les leçons et que les dispositions soient prises» avait dit celui qui a été nommé à ce poste fin février dernier.
Situation qui fait dire à N’Galy Guilavogui, chroniqueur politique que «la première sortie de Bah Oury a prouvé que les autorités de la transition sont en difficulté. Comment justifier le glissement de calendrier? Comment faire asseoir ce projet qui va consister à aller au-delà du mois de décembre 2024 puisque dans l’accord qui a été scellé entre le Comité national du rassemblement pour le développement (Cnrd) et la Cedeao, prévoit des élections fin 2024. Ce qui n’est pas aujourd’hui réalisable. Le Cnrd doit trouver un homme politique à travers lequel il justifie ce report».
Lire aussi : Guinée: les militaires devraient rester au pouvoir jusqu’en 2025
S’inscrivant dans la même logique, Alou Yombouno, estime qu’à force d’avoir volontairement ou non perturbé le chronogramme de la transition, on risque de récolter des résultats catastrophiques. «Je suis parmi ceux qui estiment que les élections ne sont pas une priorité pour le pays et pour ce régime. Nous avons beaucoup de choses à résoudre. Ce retour à l’ordre constitutionnel exige un assainissement du fichier électoral. Essayons de définir une ligne propre à la Guinée».
Mais en Guinée, qui a été surpris par l’annonce du décalage des élections? Certainement pas grand monde, et surtout pas N’faly Guilavogui. «C’était prévisible puisque pour aller à une élection, aucune action n’a été menée pour réviser le fichier électoral. Rien n’est fait pour la mise sur pied de l’organe qui va gérer les élections. Rien n’est fait pour l’organisation des élections».