L’opposante de 55 ans, qui ne peut pas faire appel de cette décision avant deux ans, avait été déchue de ses droits après sa condamnation en 2013 à 15 ans de prison notamment pour «minimisation du génocide de 1994» qui a fait 800.000 morts entre avril et juillet 1994, essentiellement parmi la minorité tutsi.
«Je ne suis pas d’accord avec cette décision. Elle est clairement politisée. Nous avons toujours un pays où les tribunaux ne sont toujours pas indépendants», a-t-elle réagi auprès de l’AFP depuis le tribunal de la capitale Kigali où elle assisté à l’annonce de la décision.
Opposante d’origine hutu, Victoire Ingabire avait été arrêtée et accusée de nier la réalité du génocide, après avoir demandé en janvier 2010 que les auteurs de crimes contre les Hutu soient aussi jugés.
Elle avait tenu ses propos alors qu’elle venait de rentrer au Rwanda, après 16 ans passés aux Pays-Bas, pour se présenter contre Paul Kagame à la présidentielle d’août 2010.
Elle a été libérée en septembre 2018 dans le cadre d’une grâce présidentielle accordée à plus de 2.000 prisonniers.
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«Lors de la grâce présidentielle accordée à Ingabire, certaines conditions ont été fixées qu’elle doit respecter. Il est impossible d’annuler la condamnation puisque les conditions imposées lors de sa grâce présidentielle n’ont pas expiré. Son appel est donc sans fondement», a déclaré le tribunal dans sa décision.
Dirigeante du mouvement Dalfa Umurunzi (Développement et Liberté pour Tous), non autorisé par Kigali, Victoire Ingabire avait annoncé sa volonté de se présenter à la présidentielle face à Paul Kagame, qu’elle accuse notamment de bafouer la liberté d’expression, de réprimer l’opposition et de négliger les populations les plus pauvres.
Seuls deux candidats se sont pour l’instant déclarés à l’élection du 15 juillet: Paul Kagame, l’homme fort du pays depuis 1994 et président depuis 2000, et Frank Habineza, chef du Parti vert démocratique qui avait obtenu 0,45% des voix lors du dernier scrutin de 2017.
Le Parti vert démocratique est la seule formation autorisée qui critique le pouvoir. Les autres partis dits d’opposition ayant un agrément officiel soutiennent Paul Kagame.
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S’il est crédité du spectaculaire développement du Rwanda, exsangue au sortir du génocide, Paul Kagame est régulièrement accusé de bafouer la liberté d’expression et de réprimer toute opposition.
Elu président par le Parlement en avril 2000, il a obtenu plus de 90% des voix aux présidentielles qui se sont tenues depuis au suffrage universel en 2003, 2010 et 2017.
En vertu d’amendements constitutionnels passés en 2015, le dirigeant de 66 ans peut potentiellement rester au pouvoir jusqu’en 2034.