Amadou Ba et Bassirou Diomaye Faye en particulier, considérés comme les deux principaux concurrents à l’élection peut-être la plus ouverte de l’histoire du Sénégal indépendant, doivent se prêter à une ultime démonstration de force avant la fin de la campagne vendredi à minuit (samedi 00H00 GMT). Toute propagande sera ensuite interdite.
Le camp du candidat antisystème Bassirou Diomaye Faye, libéré de prison il y a une semaine en pleine campagne, a prévu un rassemblement dans un stade à 16H00 (locales et GMT) à Mbour (ouest). Celui d’Amadou Ba, Premier ministre il y a encore quelques semaines et désigné par le sortant Macky Sall comme le champion du pouvoir, a indiqué qu’il tiendrait ses derniers meetings à Dakar et dans sa banlieue.
Plus de sept millions de Sénégalais sont appelés dimanche à élire leur cinquième président lors d’un scrutin totalement indécis, et exceptionnel à bien des égards.
Pour la première fois, le sortant, aux commandes depuis 12 ans et largement reconduit en 2019, ne se présente pas à sa réélection. Les Sénégalais devaient initialement voter le 25 février, mais un report de dernière minute a causé des troubles et plusieurs semaines de confusion qui ont mis à l’épreuve la pratique démocratique du Sénégal.
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La campagne a été réduite de trois à deux semaines. Dix-huit hommes et une femme, dont deux ont annoncé leur retrait en bout de course au profit de M. Faye, ont écumé le pays dans l’urgence dans des cortèges bruyants et colorés érigés en indicateurs d’une dynamique victorieuse, à tort selon les experts.
L’enjeu du troisième...
Les prétendants ont passé de longues journées dehors sans manger, ni boire du fait de l’ajournement de l’élection et de sa tenue en plein mois de jeûne musulman.
Amadou Ba et Bassirou Diomaye Faye sont donnés favoris. La publication de sondages est interdite. Un second tour, dont la date n’est pas fixée, paraît probable.
«On sait que ce sont les deux qui vont sortir (des urnes) s’il n’y a pas de tsunami», dit El Hadji Mamadou Mbaye, enseignant chercheur à l’université de Saint-Louis. «L’enjeu, c’est qui sera le troisième et comment il va se positionner», dit-il.
Il mentionne les noms de l’ancien maire de Dakar, Khalifa Sall, et d’Aliou Mamadou Dia, leader du Parti de l’unité et du rassemblement. Khalifa Sall est cité comme un possible trouble-fête dès le premier tour. L’expert attire l’attention sur les divisions actuelles de l’opposition en cas de second tour contre le candidat du pouvoir.
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L’élection est suivie plus attentivement à l’étranger qu’elle ne le serait dans d’autres pays en développement. Avec 18 millions d’habitants, le Sénégal est l’un des pays les plus stables d’une Afrique de l’Ouest secouée par les coups d’Etat.
Il a maintenu des relations fortes avec l’Occident alors que la Russie étend son influence chez ses voisins. Il pourrait commencer à produire du pétrole et du gaz cette année.
Le Sénégal a cependant connu depuis 2021 différents épisodes de troubles. Des dizaines de personnes ont été tuées et des centaines arrêtées, mettant à mal l’image du pays, injustement selon le gouvernement.
... et celui de la paix
Ousmane Sonko, leader de l’opposition et acteur d’un long bras de fer avec le pouvoir, a été disqualifié de la présidentielle. Libéré il y a une semaine, il s’est mis au service de son second M. Faye, présenté par son camp comme le «candidat du changement de système», d’une souveraineté recouvrée et d’un «panafricanisme de gauche».
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Face à lui, Amadou Ba se dresse en rempart contre les «aventuriers». Il promet de poursuivre l’élan impulsé selon lui par le président Sall et son ambitieux programme de développement. Il doit aussi assumer son bilan, une pauvreté persistante, un chômage élevé, un endettement lourd, et les centaines d’arrestations.
La soif d’apaisement «va beaucoup jouer. Nous sortons d’une période très tendue. Tous les candidats se présentent comme celui qui va réconcilier les Sénégalais», dit Sidy Diop, directeur adjoint des rédactions du quotidien le Soleil.
La libération de MM. Faye et Sonko et de centaines d’autres détenus ainsi qu’une loi d’amnistie ont contribué à une campagne sans incident notable. Elle a aussi été peu programmatique, dit l’enseignant chercheur Mbaye. «Les gens ne votent pas pour des programmes; cette élection, c’est un rendez-vous entre une personnalité et un peuple».
Il faut la majorité absolue des suffrages exprimés pour être élu au premier tour. A défaut, les deux candidats en tête disputent un second tour.