Soudan: le chef de l’armée retrouve son quartier général à Khartoum

Le chef de l'armée Abdel Fattah al-Burhan célébrant avec des soldats alors qu'il visite certaines de leurs positions à Khartoum.

Le 26/01/2025 à 13h48

Le chef de l’armée soudanaise, le général Abdel Fattah al-Burhane, a retrouvé dimanche son quartier général à Khartoum, qu’il avait dû abandonner en août 2023 à ses rivaux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR)

Ce retour intervient deux jours après une attaque de drone contre le principal hôpital  d’El-Facher - la capitale du Darfour-nord, dans l’ouest, assiégée par les FSR - qui a fait 70 morts.

Dans la guerre qui ravage le Soudan depuis avril 2023, ce bilan a été qualifié dimanche d’«effroyable» par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

«Nos forces sont au meilleur de leur forme», a déclaré le général Burhane dans le quartier général, selon une video diffusée par l’armée. Il a ajouté que les FSR de son rival, le général Mohamed Hamdane Daglo, étaient «condamnées à disparaître».

La reconquête de son QG est la plus grande victoire de l’armée dans la capitale depuis la reprise d’Omdurman, ville jumelle de Khartoum sur la rive ouest du Nil, il y a près d’un an.

L’armée soudanaise contrôle, selon des témoins, la majeure partie de Bahri (Khartoum-Nord), ainsi que le nord et centre d’Omdurman. dans le sud de Khartoum, elle tient aussi la base du Corps blindé. .

Au début du conflit, l’armée avait perdu Khartoum et Omdurman. Encerclé dans son quartier général, le général Burgane s’était échappé en hélicoptère en août 2023 pour Port-Soudan, devenu la capitale de facto du pays.

Dans un communiqué vendredi, l’armée avait déclaré avoir fait la jonction entre ses troupes à Khartoum-Nord et Omdurman et celles à proximité du quartier général.

L’armée avait ajouté avoir «expulsé» les FSR de la raffinerie de Jaili, au nord de la capitale, la plus grande du pays, dont les paramilitaires revendiquaient le contrôle depuis le début de la guerre.

Il y a deux semaines, elle avait repris le contrôle de Wad Madani, au sud de Khartoum, sécurisant un carrefour clé avec les États environnants.

Le conflit a tué des dizaines de milliers de personnes et déraciné plus de 12 millions d’habitants au Soudan, où la famine sévit dans certaines régions, en particulier dans l’ouest et le sud.

Le pape François a déploré dimanche que le pays soit le théâtre de «la plus grave crise humanitaire au monde». Il a appelé les deux camps à faire taire les armes et la communauté internationale à fournir de l’aide humanitaire et «aider les belligérants à trouver rapidement le chemin de la paix».

«Violation du droit humanitaire»

Au Darfour-Nord, l’attaque visant l’hôpital saoudien d’ El-Facher, a fait 70 morts et 19 blessés parmi les patients et leurs accompagnants, a indiqué le chef de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, sur X.

Dans une rare déclaration sur le conflit, l’Arabie saoudite a dénoncé dimanche une «violation du droit international et du droit international humanitaire».

Elle a appelé les belligérants à la «protection des travailleurs médicaux et humanitaires» et à éviter de «cibler les civils».

Les FSR, qui contrôlent la majorité du Darfour, assiègent El-Facher depuis mai.

«Le meilleur remède, c’est la paix»

L’AFP n’a pas pu vérifier de manière indépendante l’origine de l’attaque contre l’hôpital.

Mais selon des militants locaux, les FSR avaient exigé que l’armée et ses alliés quittent la ville avant mercredi, en prévision d’une offensive.

Des combats intermittents y sont signalés depuis, notamment des tirs d’artillerie des FSR sur le camp de déplacés d’Abou Chouk, touché par la famine et où des bombardements ont tué huit personnes vendredi, selon une organisation de la société civile.

Selon une source médicale, les urgences de l’hôpital saoudien avaient déjà été ciblées par un drone des FSR «il y a quelques semaines».

Selon l’OMS, un autre établissement à Al-Malha, au nord d’El-Facher, a également été attaqué.

Les deux camps, contre lesquels les Etats-Unis ont annoncé des sanctions, sont accusés de cibler des civils et  bombarder sans discrimination des zones résidentielles, les FSR étant spécifiquement accusées de nettoyage ethnique, violences sexuelles systématiques et de siège de villes entières.

Dans tout le pays, jusqu’à 80% des établissements de santé sont hors service, selon les chiffres officiels.

«Nous continuons d’appeler à la cessation de toutes les attaques contre les soins de santé et à permettre un accès complet pour la restauration rapide des installations endommagées», a souligné M. Ghebreyesus.

«Par-dessus tout, le peuple soudanais a besoin de paix. Le meilleur remède est la paix», a-t-il ajouté.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 26/01/2025 à 13h48