«Assaut de la police contre la Maison de l’avocat», situé en face du palais de justice de Tunis, «des avocats agressés et enlèvement de la collègue Sonia Dahmani (conduite) vers un lieu inconnu», a indiqué Dalila Msaddek, membre de son équipe de défense sur Facebook.
Islam Hamza, autre défenseur de l’avocate, a confirmé à l’AFP «l’arrestation de Mme Dahmani par des policiers».
La chaîne d’information en continu France 24, dont des journalistes étaient sur place pour couvrir le mouvement de soutien à l’avocate, était en direct au moment de l’arrestation.
La chaîne a vivement protesté dans un communiqué contre l’attitude des policiers encagoulés qui selon elle «se sont ensuite dirigés vers l’équipe de la chaîne, lui intimant de couper la caméra sous les vives protestations de Maryline Dumas», la journaliste sur place.
«Les policiers ont fini par arracher violemment la caméra de son trépied, mettant fin à la diffusion de la scène en direct, et ont arrêté Hamdi Tlili. Le caméraman a été relâché après une dizaine de minutes et la correspondante de France 24 va bien», a ajouté la chaîne, qui a diffusé les images de la scène sur X.
Lire aussi : Tunisie: l’ex-président d’une association d’étudiants africains détenu
France 24 «condamne fermement cette entrave à la liberté de la presse et cette intervention brutale et intimidante des forces de l’ordre empêchant ses journalistes d’exercer leur métier, alors qu’ils couvraient une manifestation d’avocats pour le respect de la justice et en soutien à la liberté d’expression», a ajouté la chaîne.
Selon des médias, Mme Dahmani fait l’objet d’une enquête notamment pour diffusion de «fausses informations dans le but de porter atteinte à la sûreté publique» et «incitation à un discours de la haine», en vertu du décret-loi 54.
Ce décret, promulgué en septembre 2022 par le président Kais Saied, punit de jusqu’à cinq ans de prison quiconque utilise les réseaux d’information et de communication pour «rédiger, produire, diffuser (ou) répandre de fausses nouvelles (...) dans le but de porter atteinte aux droits d’autrui ou de porter préjudice à la sécurité publique».
Mardi, lors d’une émission de télévision, Sonia Dahmani avait lancé d’une façon ironique «de quel pays extraordinaire parle-t-on?», en réponse à un autre chroniqueur qui venait d’affirmer que les migrants venus de plusieurs pays d’Afrique subsaharienne cherchaient à s’installer en Tunisie.
Lire aussi : Tunisie: arrestation d’une militante active dans la lutte contre le racisme
Cette déclaration a été jugée par certains utilisateurs sur les réseaux sociaux comme «dégradante» pour l’image de la Tunisie.
Jeudi, Mme Dahmani avait reçu une convocation, à laquelle elle n’avait pas donné suite, pour comparaître vendredi devant un juge d’instruction sans que les motifs ne soit précisés, selon Me Msaddek.
Mme Dahmani avait expliqué à la presse qu’elle refusait de se présenter devant la justice «sans connaître les raisons de cette convocation».
En raison de son absence, le juge d’instruction chargé de cette affaire a émis un mandat d’amener à son encontre.
En un an et demi, plus de 60 personnes parmi lesquelles des journalistes, des avocats et des opposants à M. Saied ont fait l’objet de poursuites sur la base de ce texte, selon le Syndicat national des journalistes.