En recevant son chef de la diplomatie, Mohamed Ali Nafti, M. Saied lui a demandé de protester auprès des Européens qui «peuvent apprendre des leçons de notre part dans le domaine des droits et libertés».
Il a rappelé avoir déjà convoqué mardi au Palais présidentiel l’ambassadeur européen à Tunis, Giuseppe Perrone pour «non respect des règles du travail diplomatique», au lendemain d’une rencontre entre ce diplomate et le chef du puissant syndicat UGTT.
Le Parlement européen a voté jeudi une résolution par 464 voix pour, 58 voix contre, appelant à libérer «toutes les personnes détenues pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression, y compris les prisonniers politiques et les défenseurs des droits humains», selon le site du PE.
Dans sa résolution, le Parlement européen a cité Sonia Dahmani, une avocate et chroniqueuse connue, appelant à sa libération «immédiate et inconditionnelle».
Mme Dahmani est sortie de prison jeudi après-midi, après le vote de la résolution et à l’issue de 18 mois de détention après avoir bénéficié d’une libération conditionnelle, mais elle reste poursuivie dans plusieurs affaires en vertu d’un décret sur les fausses informations, très critiqué par les défenseurs des droits. Les députés ont réclamé l’abrogation de ce décret.
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Mme Dahmani, 60 ans, doit comparaître vendredi en appel dans une des cinq affaires pour lesquelles elle est poursuivie sur la base du décret 54 dont elle a réclamé la révision dans une interview accordée à l’AFP après sa sortie de prison.
Verdict en appel
Par ailleurs, un verdict en appel est attendu depuis jeudi en Tunisie dans un méga-procès contre une quarantaine de figures de l’opposition et autres personnalités, accusées de «complot contre la sûreté de l’Etat» et qui avaient été qualifiées de «terroristes» par le président Saied lors d’une vague d’arrestations au printemps 2023. Les accusés se sont vu reprocher notamment des rencontres avec des diplomates.
Dans leur résolution, les députés européens ont appelé les autorités tunisiennes «à sauvegarder et protéger la liberté de réunion et d’expression ainsi que l’indépendance du pouvoir judiciaire».
Dans la vidéo diffusée par la présidence tunisienne, M. Saied a aussi demandé à son chef de la diplomatie de «protester fermement auprès d’une représentante d’un pays étranger accrédité en Tunisie», qu’il a accusée d’ingérence sans l’identifier.
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«Quiconque manque de respect à notre pays ou ignore les règles de conduite internationale doit comprendre que nous n’accepterons pas cela», a-t-il ajouté.
Depuis un coup de force du président Saied à l’été 2021 par lequel il s’est octroyé les pleins pouvoirs, les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré un recul des droits et libertés dans le pays berceau du Printemps arabe en 2011.
Des dizaines d’opposants, avocats, journalistes, humanitaires, sont détenus pour des accusations de complot ou en vertu du décret 54.
Dans leur résolution, les députés européens ont «condamné l’escalade des détentions arbitraires, des persécutions motivées par des considérations politiques et des restrictions des libertés». Ils ont exhorté «les institutions» européennes à transmettre à la Tunisie «leurs préoccupations quant à la détérioration de la situation des droits humains» et à «poursuivre leurs efforts diplomatiques pour obtenir la libération des détenus politiques».




