Tunisie: l’ancien Premier ministre islamiste Laarayedh condamné à 34 ans de prison

Ali Larayedh, ancien premier ministre tunisien du gouvernement Moncef Marzouki

Ali Larayedh, ancien premier ministre tunisien du gouvernement Moncef Marzouki . DR

Le 02/05/2025 à 21h40

L’ancien Premier ministre tunisien et dirigeant du mouvement islamiste Ennahdha, Ali Laarayedh, a été condamné vendredi à 34 ans de prison pour son implication dans l’envoi de jihadistes tunisiens vers l’Irak et la Syrie quand Ennahdha était au pouvoir en Tunisie, selon plusieurs médias locaux.

Outre M. Laarayedh, qui fut aussi ministre de l’Intérieur après la Révolution de 2011, un tribunal pénal de Tunis a également condamné Fathi Beldi et Abdelkrim Labidi, d’anciens membres des forces de sécurité, à 26 ans de réclusion.

Selon une source judiciaire citée par la radio Mosaïque, les peines pour les huit accusés s’échelonnent de 18 à 36 ans de réclusion.

M. Laarayedh a été arrêté le 20 décembre 2022 en vertu de la loi antiterroriste, a indiqué à l’AFP le coordinateur du comité de défense, Oussama Bouthelja.

Il a été accusé de «formation et d’appartenance à une organisation terroriste» et d’avoir facilité l’envoi de jihadistes vers les zones de conflit en Irak et Syrie.

Depuis sa prison, l’ancien responsable qui fut Premier ministre de mars 2013 à janvier 2014, après avoir été ministre de l’Intérieur de 2011 à 2013, a toujours clamé son innocence.

«Je ne suis pas un criminel. Je suis innocent de ces accusations. Je suis une victime dans ce dossier», a-t-il écrit dans une lettre adressée le 18 avril au parquet de Tunis.

Lors d’une audience à distance vendredi, M. Larayaedh a exprimé son espoir que «le tribunal soit indépendant et libre de toute pression et de toute tentative d’instrumentalisation», selon son avocat Me Bouthelja.

La Tunisie a connu après la Révolution de 2011 qui a chassé le dictateur Zine El Abidine Ben Ali l’essor d’une mouvance jihadiste ayant culminé dans une série d’attentats meurtriers en 2015 (plusieurs dizaines de touristes étrangers tués à Sousse et à Tunis).

Environ 5.500 Tunisiens ont combattu, selon l’ONU, auprès de groupes jihadistes dont l’Etat islamique (EI) en Irak, Syrie ou Libye entre 2011 et 2016.

«Dossier politique »?

Le parti islamo-conservateur Ennahdha, qui a dominé la vie politique tunisienne jusqu’à l’été 2021, a été accusé d’avoir facilité l’envoi de ces jihadistes à l’étranger, ce qu’Ennahdha a toujours nié.

Ali Laarayedh avait passé 15 ans en prison dont 10 à l’isolement sous la dictature de Ben Ali «pour complot visant à renverser le gouvernement par la violence».

Son procès s’est ouvert le 22 novembre 2024.

Parmi les huit accusés figuraient un responsable de la police ainsi que le porte-parole d’Ansar Charia, une organisation classée comme terroriste en Tunisie et dissoute en août 2013 par M. Laarayedh, à l’époque chef du gouvernement, a fait remarquer son avocat Me Bouthelja.

Il s’agit d’un «dossier politique» qui «ne contient pas de faits ni de preuves matérielles», selon la défense de M. Laarayedh, qui a réclamé en vain des «données officielles et précises» sur les jihadistes partis pour les zones de conflit.

Ennahdha est devenu la bête noire du président Kaïs Saied depuis un coup de force en juillet 2021 par lequel il s’est octroyé les pleins pouvoirs.

Selon Me Bouthelja, la défense n’a pas non plus obtenu de réponse pour faire témoigner de hauts responsables du ministère de l’Intérieur quand M. Laarayedh était titulaire de ce portefeuille.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 02/05/2025 à 21h40