Cette décision intervient après l’exclusion de la course de trois autres candidats, considérés comme des rivaux sérieux du président sortant, Kais Saied -en lice pour un second mandat - par l’Autorité électorale (Isie) en début de semaine.
Le président Saied, élu démocratiquement en 2019, est accusé de dérive autoritaire depuis un coup de force le 25 juillet 2021 par lequel il s’est octroyé les pleins pouvoirs.
Ayachi Zammel, 43 ans, a été interpellé puis placé en garde à vue lundi. Cet industriel, chef d’un petit parti libéral peu connu, fait l’objet d’un mandat de dépôt depuis mercredi et doit comparaître jeudi devant le tribunal de Manouba, a indiqué son équipe juridique dans un communiqué.
Il fait partie des trois candidats retenus dans une liste «définitive» dévoilée lundi par l’Isie, aux côtés de M. Saied et de Zouhair Maghzaoui, 59 ans, un ancien député de la gauche panarabiste.
La justice reproche à M. Zammel d’avoir enfreint les règles sur les parrainages, comme les trois candidats écartés par l’Isie malgré la décision la semaine passée du Tribunal administratif de les réintégrer dans la course présidentielle.
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Abdellatif Mekki, ancien dirigeant du mouvement islamo-conservateur Ennahdha, Mondher Zenaïdi, ancien ministre du régime Ben Ali, et Imed Daïmi, conseiller de l’ex-président Moncef Marzouki, également proche d’Ennahdha avaient été disqualifiés le 10 août avec 14 autres postulants notamment pour manque de parrainages suffisants.
«Fausser le scrutin»
L’Isie a justifié son rejet des décisions du Tribunal administratif par un vice de forme, à savoir une notification au-delà d’un délai légal de 48 heures.
Mercredi soir, l’ONG Human Rights Watch a appelé l’Isie à «revenir immédiatement sur sa décision et à mettre fin à son ingérence politique dans l’élection», soulignant que les jugements du Tribunal administratif sont «juridiquement contraignants».
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«Au lieu de garantir l’intégrité», l’Isie dont les membres ont été «nommés par le président», «est intervenue pour fausser le scrutin en faveur de Saied», a fustigé HRW.
Dénonçant «une répression accrue de la dissidence, un musellement des médias et des attaques continues contre l’indépendance de la justice», HRW a estimé que le scrutin du 6 octobre est devenue «une parodie du droit des Tunisiens à des élections libres et équitables».
Mercredi, neuf partis politiques et neuf ONG parmi lesquelles la Ligue tunisienne des droits de l’homme ont annoncé la création d’un «Réseau tunisien de défense des droits et des libertés», qui ont régressé dans le pays, selon les ONG locales et internationales depuis l’été 2021.
Mardi, la centrale syndicale UGTT a qualifié d’«illégale» la décision de l’Isie, qui représente, à ses yeux, «l’application d’une décision politique» et «une orientation partiale qui aura une influence préalable sur les résultats» de la présidentielle.