Tunisie: l’opposante Abir Moussi condamnée à 12 ans de prison dans un troisième procès

Abir Moussi, cheffe du Parti destourien libre (PDL), une des principales formations de l'opposition tunisienne.

Le 13/12/2025 à 06h56

La figure de proue de l’opposition de droite en Tunisie, Abir Moussi, critique virulente du président Kais Saied, a été condamnée vendredi à 12 ans de prison en vertu d’une loi réprimant tout «attentat ayant pour but de changer la forme du gouvernement», a indiqué à l’AFP son avocat.

C’est dans le cadre de cette affaire dite du «bureau d’ordre» que Mme Moussi avait été placée en détention le 3 octobre 2023 alors qu’elle se trouvait devant le palais présidentiel, où, selon sa formation politique le Parti destourien libre (PDL), elle était venue déposer des recours contre des décrets du président Saied.

La Cour pénale du tribunal de première instance l’a jugée coupable sur la base de l’article 72 pour lequel elle risquait la peine de mort, une sanction qui reste symbolique compte tenu de l’existence d’un moratoire sur les exécutions.

Son avocat Naoufel Bouden a annoncé à l’AFP qu’il allait «interjeter appel».

Il s’agit du troisième procès contre Mme Moussi, condamnée une première fois en août 2024 à une peine de deux ans de prison, réduite à 16 mois en appel, après une plainte de l’autorité électorale Isie s’appuyant sur un décret présidentiel sur les «fausses informations».

En juin dernier, alors qu’elle venait de terminer de purger cette première peine, elle a été condamnée de nouveau sur la base du même décret-loi à deux ans de prison. La procédure d’appel est en cours.

Dans un communiqué publié avant le verdict de vendredi, le PDL a dénoncé «l’injustice dont est victime la présidente du parti, Abir Moussi, détenue arbitrairement depuis le 3 octobre 2023», exprimant son «indignation face aux atteintes graves à sa liberté et à ses droits civils, politiques, sociaux et économiques».

Mme Moussi, avocate, est une virulente critique à la fois du président Saied et du parti islamo-conservateur d’opposition Ennahdha.

Avant son emprisonnement, elle était accusée par ses détracteurs de chercher à rétablir un régime autoritaire similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, dont elle revendique l’héritage politique. Celui-ci a été renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Des dizaines d’opposants sont en détention et condamnés à de lourdes peines dans un méga-procès de complot contre la sûreté de l’Etat. D’autres sont poursuivis en vertu du décret 54, un texte critiqué par les défenseurs des droits pour l’interprétation trop large qu’en fait la justice selon eux.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 13/12/2025 à 06h56