Les récentes mises à jour des règles d’immigration britanniques du 24 juin 2025 et du 1er juillet 2025 apportent des clarifications techniques dans les parcours étudiant ou diplômant qui méritent d’être soulignés.
Pour les étudiants africains, l’impact immédiat est nuancé, mais s’inscrit dans une tendance restrictive plus large, révélée par les statistiques officielles et les ajustements ciblés.
Clarifications techniques
Les modifications introduites par le Statement of Changes HC 836 publié le 24 juin 2025 visent principalement à corriger des incohérences procédurales dans le système d’immigration britannique, sans imposer de nouvelles restrictions substantielles. Concernant les dépendants des étudiants et diplômés, l’on note des clarifications notables.
Dans le contexte des règles d’immigration britannique pour étudiants, le terme «dépendant» désigne strictement les membres de la famille autorisés à accompagner ou rejoindre l’étudiant international pendant son séjour au Royaume-Uni.
Les personnes concernées sont le partenaire (époux/épouse, partenaire civil ou concubin durable), les enfants mineurs de moins de 18 ans (y compris ceux nés au Royaume-Uni pendant le séjour). Pour y être éligible, le dépendant doit prouver sa relation avec le demandeur principal (étudiant ou diplômé).
Depuis janvier 2024, seuls les étudiants en recherche postdoctorale (doctorat ou autres programmes de recherche de niveau RQF 8) peuvent être accompagnés de dépendants. Les étudiants en master (RQF 7) ou en licence (RQF 6) en sont exclus. Exemple concret : un étudiant nigérian en finance à Londres ne peut plus faire venir sa conjointe ou ses enfants, contrairement à un doctorant en biologie.
C’est ainsi que pour les demandes d’autorisation électronique de voyage (ETA), une nouvelle condition de validité est ajoutée à l’ensemble des conditions qui déterminent quelles personnes doivent demander une ETA. Pour les demandes effectuées à compter du 16 juillet 2025, un nouveau sous-paragraphe exige qu’une ETA soit obtenue par «toute personne effectuant un voyage local depuis la République d’Irlande après être entrée dans cette République depuis un lieu situé en dehors de la zone de voyage commune, ou ayant quitté le Royaume-Uni alors qu’elle disposait d’un permis limité d’entrée ou de séjour qui a depuis expiré, et qui n’est pas un visiteur médical».
Une extension qui impacte principalement les étudiants internationaux en transit par l’Irlande sans visa britannique valide, nécessitant une vigilance accrue dans la planification des itinéraires. Cette exigence s’ajoute à celle déjà imposée aux personnes demandant l’autorisation d’entrer au Royaume-Uni en tant que visiteur et à celles demandant l’autorisation d’entrer au Royaume-Uni en tant que travailleur créatif.
Pour les demandes d’ETA déposées à compter du 16 juillet 2025, une partie des exigences relatives aux personnes à charge des étudiants a été clarifiée, sous la sous-rubrique «exigence relative à la relation pour le partenaire à charge d’un étudiant». Le paragraphe modifié précise que lorsqu’une personne à charge fait une demande en même temps qu’un étudiant, la demande de l’étudiant doit être acceptée pour que la personne à charge puisse satisfaire à cette exigence. Le mémorandum explicatif précise qu’«il n’existe aucune disposition explicite dans les parcours étudiant ou parcours diplômant permettant de refuser les partenaires à charge lorsque la demande du demandeur principal a été refusée». Une modification qui corrige cette omission et aligne l’exigence relative à la relation pour le partenaire à charge d’un diplômé et le parcours étudiant sur celle des autres parcours du système à points.
Ainsi, la déclaration HC 997 du 1 juillet 2025, contrairement aux attentes, ne modifie ni le parcours étudiant, ni le parcours diplômant. Une stabilité réglementaire qui offre un répit notable dans un contexte de réformes migratoires plus larges, notamment celles touchant les travailleurs qualifiés.
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Parallèlement, les mises à jour des documents d’orientation du Home Office (ministère de l’Intérieur) publiés entre mai et juin 2025 se concentrent sur les obligations des établissements sponsors, sans altérer les critères d’admissibilité des étudiants. Ces ajustements concernent : la gestion du guide à l’intention des sponsors éducatifs ; la tenue des guide à l’intention des sponsors, désormais intégrée aux obligations des parrains d’étudiants; les directives aux assistants sociaux traitant les dossiers d’étudiants. Des évolutions qui renforcent le cadre administratif imposé aux institutions éducatives sans introduire de nouvelles barrières pour les étudiants internationaux, préservant ainsi la prévisibilité des parcours migratoires académiques.
Contexte global
Les statistiques officielles de 2024 révèlent l’impact cumulatif des réformes antérieures, particulièrement pour les étudiants africains. L’effondrement des visas pour dépendants (-85%)– chutant de 152.000 en 2023 à 22.000 en 2024 – découle directement de la restriction entrée en vigueur en janvier 2024 limitant ce droit aux seuls étudiants en recherche postdoctorale. Cette mesure frappe disproportionnellement les étudiants africains en master, niveau où ils sont fortement représentés.
Par ailleurs, la baisse des visas principaux (-14% en 2024 par rapport à 2023, bien qu’encore 46% au-dessus de 2019) masque des disparités nationales critiques. Le Nigeria, symbole de l’impact africain, subit une chute vertigineuse de 68% des visas entre 2022 et 2024, reflet combiné des restrictions sur les dépendants (facteur décisif pour les Nigérians optant pour des masters) et de conjonctures socioéconomiques.
La domination persistante du master (65% des visas sur 4 ans), niveau le plus touché par le recul global (-27% en 2024 vs 2022), exacerbe cette vulnérabilité puisque ces étudiants sont désormais exclus du droit à faire venir leur famille. Enfin, les réformes parallèles du visa pour travailleur qualifié, (relèvement du niveau RQF à 6, hausse des seuils salariaux de 8 à 16%, interdiction des dépendants pour les métiers en pénurie) envoient un signal politique clair : le Royaume-Uni durcit l’accès aux travailleurs moyennement qualifiés et limite le regroupement familial. Une orientation qui rehausse indirectement la barre pour les diplômés africains souhaitant une transition vers l’emploi, notamment hors doctorat ou secteurs ultra-spécialisés.
Les changements concrets pour les Africains
Ainsi, le Royaume-Uni se limite à des corrections techniques : les ajustements de juillet 2025 harmonisent les procédures pour les dépendants et l’ETA, tout en soulignant une « stabilité » affichée des parcours étudiant et diplômant. Ce qui change concrètement pour les Africains se décline en trois axes : une vigilance procédurale accrue s’impose désormais pour les transits via l’Irlande (obligation étendue d’ETA) ; l’accès au marché du travail post-études se complexifie, les réformes du visa pour travailleur qualifié rendant la transition quasi inaccessible aux diplômés de niveau inférieur au doctorat sans offres très rémunérées ; le contexte global consolide une tendance restrictive, amplifiant l’impact des réformes passées comme l’effondrement des candidatures nigérianes.
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Ce qui persiste relève d’enjeux structurels. L’attractivité du master britannique demeure un moteur malgré la baisse récente observée ; l’efficacité du système dépend étroitement du bon vouloir des établissements sponsors (gestion rigoureuse du CAS, respect des devoirs) et de la capacité des étudiants à naviguer un système complexe ; les défis de la transition vers l’emploi s’intensifient avec des seuils salariaux et de qualification toujours plus élevés, maintenant une pression constante sur les diplômés africains pour qu’ils décrochent des emplois d’élite bien rémunérés.
Ainsi, les mises à jour de mi-2025 représentent un ajustement technique plutôt qu’un séisme réglementaire pour les étudiants africains. Cependant, elles s’ajoutent à un paysage migratoire britannique devenu nettement plus restrictif depuis 2023, notamment sur les dépendants et l’emploi qualifié. La chute vertigineuse des visas nigérians et la baisse générale des visas de master sont les révélateurs les plus clairs de l’impact cumulatif de ces politiques. La stabilité actuelle des règles Étudiant/diplômé offre un répit, mais dans un environnement où les obstacles pratiques (coût, difficulté de faire venir sa famille, transition vers l’emploi) se sont considérablement accrus pour de nombreux étudiants internationaux. La vigilance reste de mise quant aux futures évolutions, notamment concernant le parcours diplômant ou la taxe proposée sur l’éducation internationale.