Volonté d’un avenir commun et résolution de crises immédiates: ce que révèle la conférence de l’Union parlementaire africaine

A l'ouverture de la 47ème conférence de l’Union parlementaire africaine.. CALEB.SCHNEIDER@ICLOUD.COM

Le 24/11/2025 à 10h23

Lors de la 47ème conférence de l’union parlementaire africaine à Kinshasa, le Maroc a renforcé son influence avec l’élection de quatre de ses parlementaires à des postes clés. La RDC a été chargée de préparer la prochaine session.

La 47ème Conférence de l’Union Parlementaire Africaine (UPA), tenue à Kinshasa du 18 au 22 octobre 2025, révèle des dynamiques politiques significatives et met en lumière des défis continentaux pressants. Deux acteurs majeurs émergent clairement des travaux: le Maroc, par son ascension institutionnelle au sein de l’UPA, et la République Démocratique du Congo (RDC), en tant qu’hôte assumant une présidence future tout en étant au cœur des préoccupations sécuritaires.

L’un des faits marquant de cette 47ème conférence est l’élection à l’unanimité du Marocain Said Chakir, membre de la Chambre des Conseillers, au poste de Représentant régional de l’UPA pour l’Afrique du Nord constitue une reconnaissance diplomatique majeure. Elle s’accompagne de la désignation de trois autres parlementaires marocains– Mohamed Horma Al Makhloul, Hatim Ben Rkia, et Aouicha Zilfi– au Comité Exécutif de l’Union.

Cette concentration de postes clés pour une seule délégation nationale, dirigée par le président de la Chambre des Représentants, Rachid Talbi Alami, démontre une stratégie de diplomatie parlementaire efficace et couronnée de succès. De quoi consolider l’influence institutionnelle du Royaume au sein de cette organisation panafricaine majeure, créée en 1976 à Abidjan pour promouvoir le dialogue et la coopération interparlementaire.

Une percée marocaine qui illustre l’importance croissante de la diplomatie parlementaire dans la construction d’un leadership continental. La présence d’une délégation nombreuse et diversifiée (incluant la Secrétaire de la Chambre des Représentants, Nadia Bouzendoufa) a certainement permis au Maroc de peser significativement dans les négociations et les élections internes, renforçant ainsi sa capacité à influencer l’agenda parlementaire africain.

La conférence de Kinshasa a également été l’occasion de confier à la RDC un rôle central pour l’avenir immédiat de l’UPA. Le président du Sénat congolais, Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge, a été élu président du Comité Exécutif chargé de préparer la 48ème Conférence prévue d’octobre à novembre 2026. Une désignation qui place la RDC au cœur de l’organisation pour l’année à venir. Cependant, cette reconnaissance institutionnelle contraste fortement avec le contexte sécuritaire national et régional qui a dominé une partie substantielle des débats.

En effet, la situation en RDC, au Mali et au Soudan a été au cœur des préoccupations. Les parlementaires africains ont condamné vigoureusement les actes de violation des droits de l’Homme dans ces pays, pointant spécifiquement le traitement imposé par les mouvements rebelles aux femmes et aux enfants. Les femmes parlementaires de l’UPA ont exprimé un soutien particulier aux femmes victimes de violences et d’actes de vandalisme dans ces trois pays.

Malgré la mention d’accords de paix en RDC, le constat est clair: ces États sont confrontés à des crises humanitaires et sécuritaires profondes menaçant la stabilité régionale. Les appels répétés des parlementaires aux partenaires internationaux à apporter leur appui et leur soutien pour le retour de la paix soulignent l’ampleur des défis et le sentiment d’urgence.

L’Agenda de l’UPA

L’agenda théorique de la Conférence reflétait des ambitions stratégiques pour le continent, avec des thématiques majeures portant sur la consolidation de la souveraineté nationale des pays africains pour un développement durable et sur les défis de la transition énergétique et du développement des énergies renouvelables en Afrique. Des sujets cruciaux pour l’autonomie et l’avenir économique du continent qui illustrent la volonté de l’UPA de se positionner sur les enjeux structurels.

La mise à l’agenda de la transition énergétique et des énergies renouvelables reconnaît leur rôle central dans tout modèle de développement durable africain. Cependant, les informations disponibles ne permettent pas d’analyser les débats ou conclusions sur ce point précis.

Pour ce qui est des autres résolutions, la Jeunesse de l’Union Africaine a interpellé l’UPA, appelant à «adopter un mécanisme pouvant non seulement unir les jeunes africains mais, à mieux les encadrer», rappelant que cette catégorie demeure majoritaire à l’échelle du Continent. Une demande qui souligne le besoin d’inclusion.

La Conférence de Kinshasa a été marquée par deux réalités africaines. D’un côté, le Maroc s’est illustré positivement en consolidant remarquablement sa position institutionnelle au sein de l’UPA, démontrant une maîtrise efficace de la diplomatie parlementaire. La RDC a également émergé en obtenant un rôle clé pour l’organisation de la prochaine conférence, un succès diplomatique.

De l’autre côté, la RDC, le Mali et le Soudan s’illustrent par l’ampleur des crises sécuritaires qui les frappent, éclipsant partiellement les discussions sur le développement durable et la transition énergétique. Cette tension entre la volonté de bâtir un avenir commun souverain et durable, symbolisée par l’agenda thématique et l’émergence de nouveaux leaders institutionnels, et la nécessité de répondre à des crises humanitaires immédiates, définit le paradoxe actuel de l’UPA et, plus largement, du continent africain en cette fin d’année 2025. L’organisation devra naviguer entre ces deux pôles pour maintenir sa pertinence et son impact dans les mois décisifs qui viennent.

47ème Conférence de l’UPA

PaysRôle / Fait marquant lors de la 47ème ConférenceEnjeux / DéfisPerspective / Futur au sein de l’UPA
Maroc- Ascension institutionnelle : Élection de Said Chakir à l’unanimité comme Représentant régional pour l’Afrique du Nord.
- Influence accrue : Désignation de trois autres parlementaires au Comité Exécutif.
- Diplomatie active : Délégation nombreuse et de haut niveau menée par Rachid Talbi Alami.
Consolider son leadership et son influence sur l’agenda parlementaire africain par le biais de la diplomatie parlementaire.Renforcement de sa position en tant qu’acteur institutionnel majeur au sein de l’organisation. Poursuite de sa stratégie d’influence.
République Démocratique du Congo (RDC)- Hôte de la conférence: Le président du Sénat, Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge, élu président du Comité Exécutif pour préparer la 48ème Conférence.
- Sujet de préoccupation : La situation sécuritaire nationale.
- Reconnaissance diplomatique via le rôle confié.
- Crise sécuritaire et humanitaire grave.
Rôle de premier plan dans l’organisation de la prochaine conférence (2026). Pression internationale pour un retour à la paix.
MaliSujet de préoccupation : La situation sécuritaire, aux côtés de la RDC et du Soudan.Crise sécuritaire.Appel aux partenaires internationaux pour un soutien au retour de la paix.
SoudanSujet de préoccupation : La situation sécuritaire condamnée par les parlementaires.Crise humanitaire et sécuritaire majeure.Appel à l’aide internationale pour rétablir la stabilité.
Par Modeste Kouamé
Le 24/11/2025 à 10h23