Zimbabwe: un député d’opposition enlevé, torturé, retrouvé nu

Takudzwa Ngadziore.

Takudzwa Ngadziore.

Le 01/11/2023 à 16h19

Un député de l’opposition zimbabwéenne a été enlevé mercredi matin, torturé puis abandonné nu le long d’une route, a-t-on appris auprès de son parti, dans un contexte de tensions soutenues depuis les élections contestées dans ce pays d’Afrique australe en août.

Takudzwa Ngadziore, 25 ans, a été enlevé par des hommes armés près de son domicile dans la capitale Harare, alors qu’il se rendait au Parlement, selon la Coalition des citoyens pour le changement (CCC).

M. Ngadziore, le plus jeune député du Zimbabwe, a réussi à diffuser en direct sur les réseaux sociaux les instants qui ont précédé son enlèvement présumé.

Dans le court clip, on voit l’homme politique en détresse, portant une cravate, regarder la caméra en disant «Je suis suivi» en langue locale shona, avant de montrer un homme armé d’une kalachnikov et portant une casquette noire qui court vers lui.

Il a été retrouvé plusieurs heures plus tard, le corps recouvert d’entailles, à une quarantaine de kilomètres près du village de Mazowe, a raconté à l’AFP l’ami qui est allé le récupérer.

La CCC, plus grand parti d’opposition, a pointé du doigt le parti au pouvoir, la Zanu-PF, en affirmant que l’enlèvement s’inscrivait dans une vaste campagne d’intimidation à l’encontre de ses partisans.

La police n’a pas répondu immédiatement à une demande de commentaire.

Farai Marapina, un porte-parole de la Zanu-PF, a affirmé à l’AFP que le pays était «gangrené de fausses nouvelles et diverses formes de désinformation, y compris de faux enlèvements» mais demande « instamment à la police d’enquêter sur cette allégation la plus récente» et «d’exposer les faits réels».

Pour la CCC, «le ciblage continu de nos membres vise à instiller la peur», a accusé le porte-parole du parti, Promise Mkwananzi, sur X. «C’est un nouvel exemple de l’anarchie arbitraire qui s’est emparée du Zimbabwe depuis l’avènement de l’élection truquée ».

M. Ngadziore a été hospitalisé, souffrant probablement d’une fracture de la main et du genou, a indiqué son ami, qui a préféré garder l’anonymat.

Médias locaux et groupes de défense des droits de l’homme ont insinué que ses ravisseurs pourraient appartenir aux forces de sécurité zimbabwéennes.

Il s’agit du deuxième incident récent de ce type: La semaine dernière, James Chidhakwa, ancien député de la CCC, avait été enlevé et torturé avant d’être retrouvé quelques heures plus tard en banlieue de Harare, le crâne rasé.

«Le Zimbabwe est devenu un État voyou», estime Obert Masaraure, porte-parole de la Crisis in Zimbabwe Coalition, regroupant plus de 80 groupes de défense des droits de l’homme et de la société civile.

Nelson Chamisa, 45 ans, leader de la CCC, a perdu le scrutin présidentiel face au président sortant Emmerson Mnangagwa, 81 ans, lors d’un scrutin qui, selon nombre d’observateurs internationaux, n’a pas respecté les normes démocratiques.

La CCC affirme que plus d’une dizaine de personnalités affiliées ont depuis été arrêtées sur la base d’accusations fallacieuses.

Quinze autres de ses députés ont perdu leur siège de manière kafkaïenne à la suite d’un appel téléphonique d’un imposteur se faisant passer pour un responsable du parti.

Cette décision a déclenché des élections partielles qui se tiendront en décembre et qui pourraient donner à la Zanu-PF, au pouvoir depuis 1980, la majorité des deux tiers nécessaire pour modifier la constitution

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 01/11/2023 à 16h19