Ce ne sont pas seulement les artistes africains qui copient incognito leurs homologues américains comme l'a montré récemment une vidéo de Jamel Debbouzze et Gad El Maleh reprenant des scènes entières de comédiens de Broadway. Cette fois, c'est le couple le plus riche du show-biz mondial qui s'est fait épinglé, en reprenant des créations africaines. Pas une, pas deux, mais une foultitude. Le seul hic, Beyoncé aime bien l'Afrique quand il s'agit de s'en inspirer, mais elle ne veut pas s'y produire en spectacle.
Annonçant sa prochaine tournée, la star et non moins richissime femme d'affaires, Beyoncé a posté une photo sur laquelle on la voit chevauchant une moto avec Jay-Z, son producteur et manager de mari. Devant leur monture rugissante trône le crâne d'un zébu, alors qu'ils regardent vers le lointain.
L'image est tout simplement belle. Belle certes, mais le charme en est terni par le manque d'élégance de la diva qui n'a signalé à aucun moment, l'origine de son "inspiration". Car, il s'agit du plagiat d'un classique du cinéma africain, le long métrage Touki Bouki (Voyage de la Hyène, en wolof), de Djibril Diop Mamebéti. Le fait que la photo soit en noir et blanc ajoute un côté vintage montrant clairement qu'il s'agit d'un clin d'oeil au chef-d'oeuvre de Mamebéti. Seulement voilà: Beyoncé ne le dit nulle part et n'agit pas en conséquence vis-à-vis des ayants droit.
Dans ce film qui date de 1973, le héros du film et sa muse entament un long voyage. Dès la scène d'ouverture, on entend la moto qui vrombit et le bout d'une corne que montre la caméra visiblement embarquée sur la moto. Le son d'une flute peule, ethnie à laquelle appartient le personnage principal du film, berce le spectateur. Les deux jeunes n'apparaîtront de face que plus tard, mais surtout l'une des scènes les montre dans l'exacte position de Beyoncé et Jay-Z. Cela ne s'invente pas.
Il se trouve malheureusement que l'héritier de Djibril Diop Mamebety, contacté par le journal français Libération, n'a été sollicité à aucun moment pour donner son accord. Teemour Diop Mamebéti, fils du cinéaste, n'a pas non plus été contacté après la diffusion de l'image et la polémique qui commence à naître autour de cette reprise.
Il faut dire que Beyoncé ne rate jamais une occasion de montrer qu'elle est inspirée par le continent. En 2011, dans le clip de son tube Run the world, elle convoque un classique de la danse des townships sud-africains, en l'occurrence le Pantsula. Ce sont des danseurs tout droit venus du Mozambique qui l'y accompagne. Et, elle apparaît avec une coiffe de reine de l'Egypte antique. Deux ans plus tard, c'est l'un des discours de la romancière nigériane Chimamanda Ngozi Adichie que l'on retrouve dans son morceau Flawless.
Beyoncé ne se lasse jamais d'affirmer son attachement à l'Afrique. En 2016, par sa coiffe, elle est de nouveau la reine Nefertari dans l'album Lemonade et Yoruba par les costumes qu'elle arbore. Et c'est Laolu Senbajo qui assure ses maquillages. L'année dernière, alors qu'elle est enceinte, elle a fait sensation aux Grammy Awards en apparaissant telle une copie conforme d'Oshun, la déesse yoruba de la fertilité.