Sénégal: elle accuse les peuls de s'adonner au viol, elle est placée en garde à vue

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Le 26/05/2019 à 13h05, mis à jour le 26/05/2019 à 13h09

Une animatrice d'une télévision privée sénégalaise a été placée en garde à vue après ses propos sur le viol dans les sociétés peules qui ont provoqué des protestations devant le siège de la chaîne, a-t-on appris dimanche auprès de la gendarmerie et de sa rédaction.

Adja Astou Cissé, animatrice à la 7TV, a été interpellée samedi par la section recherches de la gendarmerie à Dakar après avoir participé à une émission sur le viol, selon les mêmes sources.

Tout en condamnant le phénomène, l'animatrice, elle-même membre de l'ethnie peule, a déclaré lors de cette émission jeudi que "les viols étaient nombreux dans les anciennes sociétés peules", a indiqué dimanche sa rédaction à l'AFP.

Des dizaines de personnes s'étaient ensuite rassemblées samedi devant les locaux de la 7TV à Dakar pour manifester leur colère, provoquant une intervention de la gendarmerie, selon la presse locale.

"Ce sont des propos malheureux que nous condamnons. Nous présentons nos sincères excuses à la communauté peule et aux Sénégalais qui ont été choqués par ces propos", a déclaré samedi soir sur la 7TV la responsable de cette chaîne, Maïmouna Ndour Faye.

"Ce qui s'est passé est une erreur. Je présente mes excuses aux Sénégalais et aux Peuls, à mes proches et parents que j'ai offensés. Je suis peule et fière de l'être", a ensuite déclaré Adja Astou Cissé, s'exprimant d'abord en langue ouolof puis en peul.

"Ses excuses doivent être acceptées. Je ne comprends pas pourquoi on a activé le procureur. Ce sont des délits qui ailleurs ne conduisent pas les gens en prison", a déclaré dimanche Seydi Gassama, responsable de la section sénégalaise d'Amnesty International sur la radio privée RFM. Il a dénoncé le caractère "extrêmement répressif du code pénal" sénégalais.

Les Peuls sont parmi les principales ethnies du Sénégal, un pays jusqu'ici réputé pour l'entente qui règne généralement entre ses communautés.

Cette affaire survient après le meurtre le 19 mai d'une fille d'une vingtaine d'années suite à une tentative de viol, à Tambacounda, à 420 km à l'est de Dakar, un incident qui a ému l'opinion. La police a déclaré deux jours plus tard que le meurtrier avait avoué et avait été arrêté. Mais le ministère chargé de la Femme et du Genre a dénoncé une "recrudescence des violences faites aux femmes et aux filles" au Sénégal.

Plusieurs manifestations ont été organisées à Dakar et en province pendant le week-end contre les violences faites aux femmes.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 26/05/2019 à 13h05, mis à jour le 26/05/2019 à 13h09