Malgré les multiples assurances du gouvernement, l’opposition ne semble pas rassurée sur la tenue des législatives avant fin juin 2017. Trois principaux obstacles se dressent sur le chemin de ce scrutin.
D’abord, le fichier électoral. Depuis quelques temps l’opposition ne cesse de critiquer ce fichier «entaché de triches et d’irrégularités». Dans un mémorandum adressé au pouvoir, l’opposition liste et détaille ses inquiétudes sur «certaines manipulations en cours» sur le fichier.
Elle critique notamment l’idée d’un bulletin unique et les radiations. En effet, dans les commissions administratives de confections de la nouvelle carte biométrique, on demande systématiquement à l’électeur s’il souhaite rester dans le fichier ou en être radié. Autrement dit, s'il souhaite garder ou renoncer à son droit de vote. Une mesure motivée par la volonté du pouvoir de nettoyer le fichier des éternels abstentionnistes, surtout pour les législatives et les élections locales, mais celle-ci est loin de faire l’unanimité. Du reste, certains points de la réforme du code électoral n’avaient pas recueilli le consensus.
Couacs dans la confection des nouvelles cartes
Ensuite, les couacs dans la confection des nouvelles cartes d’identité biométriques CEDEAO. Le processus est jugé trop lent. Le nombre de commissions étant réduit, les populations sont obligées de faire le pied de grue du matin au soir pour se faire enregistrer. Hier, alors qu’il était venu s’inscrire, un vieux de 88 ans a même fait un malaise et rendu l’âme devant la préfecture de Guédiawaye, dans la banlieue dakaroise.
Le gouvernement retire le projet de loi portant refonte partielle du fichier électoral
Depuis que le président Macky Sall a annoncé que toute personne non-inscrite sur les listes dans les 6 mois, à partir d’octobre, devrait payer 10.000 FCFA pour se procurer la nouvelle carte biométrique, les citoyens se bousculent devant les commissions. Celles-ci sont débordées. Aux difficiles conditions d’inscription s’ajoutent les retards dans le retrait de la carte. Beaucoup de personnes inscrites attendent au-delà du délai indicatif d’un mois pour pouvoir récupérer leur document.
L’opposition hausse le ton
Face à ces couacs, l’opposition réclame une évaluation des opérations. Constatant que «plus de deux tiers des commissions administratives mises en place depuis le 3 octobre 2016 «ne fonctionnent pas, faute de matériel adéquat», la Fédération nationale des cadres libéraux (FNCL) invite le gouvernement à faire le point sur la situation.
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Pour apaiser les tensions et «lever les équivoques sur certains points», le président Macky Sall va rencontrer l’opposition, ce jeudi 1er décembre. «Ce n’est pas une rencontre qui empêchera l’opposition de s’opposer. C’est juste qu’il y a un malentendu sur certains points et il faut en discuter», explique Me Oumar Youm, le directeur de cabinet du président de la République.
Mais en attendant cette rencontre décisive, Abdoulaye Daouda Diallo, le ministre de l’Intérieur, en charge de l’organisation des élections, tente de rassurer. Il estime que «rien ne s’oppose à la tenue de ces élections». Mieux, les législatives pourront se tenir «avec le fichier existant». D’après le ministre de l’Intérieur, le processus de fabrication de la carte biométrique n’est pas de nature à ralentir celui des élections législatives. «Lorsqu’on avait proposé cette révision, nous avions prévu, dans le projet de loi, une disposition qui stipulait que si l’on n’arrivait pas à boucler l’opération de refonte du fichier d’ici la tenue des élections, nous les organiserions quand même avec le fichier existant», dit-il. Reste à savoir si l’opposition se laissera convaincre.