Sur les réseaux sociaux, des vidéos circulent, montrant des milices habillées aux couleurs marron et beige de Benno Bokk Yaakar, la coalition au pouvoir. Et cette inscription sur leur T-shirts est sans équivoque: "les Marrons du feu".
Sur les réseaux sociaux, beaucoup d'internautes se sont indignés de voir autant d'hommes, à la musculature impressionnante, recrutés pour tenter d'intimider les militants de l'opposition.
"Non vous n'êtes en Haiti, au pays des Tonton Macoute, vous êtes bel et bien au Sénégal en 2019", s'offusque Cheikh Doudou Mbaye, un militant de Rewmi, le parti d'Idrissa Seck, qui fait partie des 5 candidats retenus pour l'élection présidentielle de février prochain.
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D'autres internautes n'ont pas hésité à d'ores et déjà comparer ces recrues en uniforme aux milices des Interahamwes, qui avaient fait leur apparition au Rwanda en 1994, ou au mouvement politique des Inbonerakure, partie prenante des évènements du Burundi de 2014.
Hier, mardi 21 janvier, dans une interview accordée à un quotidien Sénégalais Source A, le ministre sénégalais du Tourisme, Mame Mbaye Niang, a mis en garde l'opposition contre toute tentative de perturber la campagne du candidat Macky Sall.
"On est prêt à faire face. Moi, personnellement, j'ai procédé au recrutement de "gros bras" qui ne vont pas s'attaquer à des personnes mais qui seront très enclins à lapider tous ceux [qui] trouveront un malin plaisir à s'en prendre à la caravane de mon leader Macky Sall", a-t-il fermement déclaré.
Sauf que les faits démontrent que cette milice verse dans l'agression de citoyens innocents...
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Dans l'après-midi de mardi dernier, en effet, une vidéo diffusée sur Facebook montre "des villageoises assises sur le bord de la route et portant des brassards rouges en signe de protestation, [qui] ont été prises à partie par des nervis", selon la voix off qui décrit cette scène en wolof, la principale langue utilisée le pays.
Ce groupe, composé de plusieurs femmes attendait ainsi le passage du président Macky Sall, qui devait inaugurer une route. Mais la milice de Benno Bokk Yaakar ne les a pas laissées faire.
Cette situation, inédite à ce jour dans l'histoire du pays, n'est toutefois pas à prendre à la légère.
Un risque de basculement vers une situation de violences est patent, comme d'ailleurs ce fut le cas lors de la présidentielle de 2012.
Le Parti démocratique sénégalais (PDS, que conduisait Abdoulaye Wade) avait alors recruté des nervis appelés "Les Calots Bleus" qui jouaient un rôle çidentique à celui joué aujourd'hui par ces milices en T-shirt marron et beige: l'intimidation de l'opposition.
Voici 7 ans, les "Calots Bleus" s'étaient attaqués à la Mairie du Sacré-Coeur à Dakar, dont l'édile, Barthelémy Dias, est connu pour être en permanence armé. L'affrontement qui s'en était suivi avait conduit à la mort d'un "Calot Bleu"...