Le 16e rapport annuel sur la traite des personnes, publié hier, décrie le Sénégal comme un pays de transit pour des enfants et femmes de la sous-région, mais aussi un pays de destination de trafic et de traite d’êtres humains.Selon ce rapport produit par les Etats-Unis, plusieurs femmes et enfants, souvent des talibés, sont victimes de travail forcé et de trafic sexuel au Sénégal. «Dans la région de Dakar, environ 30.000 talibés sont forcés de mendier dans les rues et le problème est répandu dans tout le reste du pays», pointe le rapport.Ses auteurs soutiennent que plusieurs garçons et filles sénégalais sont également soumis à la servitude domestique et au travail forcé dans les mines d’or. A cela s’ajoute «le trafic transnational, car les garçons de la Gambie, du Mali, de la Guinée Bissau et de la Guinée sont soumis au travail forcé et à la mendicité au Sénégal».Dans la même veine, le document pointe la prostitution dans les régions minières comme Kédougou (Sénégal oriental), tandis que «beaucoup de jeunes filles sénégalaises sont envoyées en Europe et au Moyen-Orient pour la servitude domestique». Pour corser un peu plus le constat, le rapport évoque le tourisme sexuel, avec des femmes et des filles d’autres pays ouest-africains soumis au «trafic sexuel» au Sénégal.Si la question des enfants de la rue est une réalité au Sénégal, les organisations de défenses des droits de l’homme et une bonne partie de la population ne parlent pas le même langage sur le sujet. Les maîtres coraniques, soutenus en cela par une bonne partie des Sénégalais, refusent de considérer la mendicité des talibés comme une forme de maltraitance. Même si la presse rapporte régulièrement des cas de talibés victimes de sévices corporels, conduisant dès fois à la mort, de la part de leurs maîtres coraniques parce que le pauvre garçon n’a pas rapporté la somme journalière réclamée.La question est tellement sensible que le gouvernement, malgré le vote d’une loi interdisant la mendicité, a dû reculer à plusieurs reprises face à la pression des puissantes confréries religieuses qui entretiennent indirectement la mendicité des talibés.Mais après ce nouveau constat alarmant des Américains et la pression constante des défenseurs de droits de l’homme, le gouvernement a décidé, une nouvelle fois, d’agir. Le ministère de la Femme, de la famille et de l’enfance vient ainsi de proposer un Plan de retrait d’urgence des enfants. D’après Mariama Sarr, la ministre de la Femme, de la famille et de l’enfance, ce plan «vise à retirer de la rue et à réhabiliter les enfants exploités et en situation dangereuse en les plaçant dans des centres d’accueil».Reste à savoir s’il ne s’agit pas d’un énième vœu pieux et si le gouvernement osera aller jusqu’au bout de sa logique.
Le 01/07/2016 à 15h25