Sénégal: la grande manif des papys en colère pour secouer Macky

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Le 22/12/2016 à 07h53, mis à jour le 22/12/2016 à 07h57

Les papys sénégalais sont en colère. Pour le faire savoir, ils battent le macadam le 28 décembre prochain afin de dénoncer la modicité des pensions payées tous les deux mois. Le gouvernement procède à une augmentation de 10% et à une mensualisation. Des mesures qui ne leur suffisent pas.

Les temps sont durs pour les retraités du Sénégal. Beaucoup continuent à subvenir aux besoins quotidiens de leur famille avec leurs modiques pensions, à cause du fort taux de chômage chez les jeunes. Pour exprimer ce ras-le-bol, les papys du Sénégal vont descendre dans la rue le 28 décembre prochain à la Place de l’Obélisque à Dakar. Pour protester contre la modicité de la pension de retraite, perçue tous les deux mois. Une périodicité qui devrait bientôt changer, mais cela n’enchante guère les associations de retraités.

« Nous avons toujours déploré la division de la pension par deux (c’est-à-dire la mensualisation). J’ai vu quelqu’un qui a une pension de 6.000 FCFA (moins de 10 euros), si vous la divisez par deux, en y ajoutant l’augmentation de 10% cela fait 3.300 FCFA (à peine 5 euros). Qu’est-ce qu’un allocataire peut faire avec une telle somme ? », s’interroge Birahim Fall, coordonnateur national du cadre unitaire des associations de retraités du Sénégal.

retraite: le calvaire des papys sénégalais

Ce dernier, qui s’exprimait lors d’une assemblée générale tenue hier à Thiès (centre-ouest, à 56 km de Dakar), accuse les responsables de l’Institution de prévoyance retraite du Sénégal (IPRES) d’avoir manqué de sincérité avec les retraités. « L’IPRES a encore poignardé les allocataires du Sénégal dans le dos. Aujourd’hui, tous les retraités sont mécontents », poursuit-il.

Faiblesse des cotisations, polygamie, sources du mal

«La mensualisation, ce sont les retraités qui l’ont toujours demandé à travers leurs représentants au Conseil d’administration de l’IPRES», répond Samuel Ndour, deuxième secrétaire général de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal/Force du changement (CNTS/FC) et membre du Conseil d’administration de l’IPRES. Mais pas avec n’importe quel montant, disent les retraités.

«Malheureusement, au niveau de l’IPRES, on ne peut pas faire n’importe quoi. Les pensions sont calculées en fonction des cotisations et celles-ci (14%) sont vraiment modiques», poursuit Ndour. D’après lui, l’autre élément qui explique la modicité des pensions, c’est la polygamie : « Pour certains travailleurs polygames décédés, si on divise la pension entre les trois ou quatre épouses, cela ne peut donner que de modiques sommes ».

Toutefois, l’IPRES vient de procéder à une augmentation de 10% sur les pensions, mesure qui entre en vigueur en janvier 2017. Mais pour les retraités, cela reste insuffisant, étant donné que l’institution serait assise sur 180 milliards de FCFA (près de 275 millions d’euros) de réserves. Du côté de l’institution de prévoyance, on refuse d’admettre une telle santé financière. « Même l’augmentation de 10% est basée sur les prévisions de rentabilité des investissements de l’IPRES », explique Samuel Ndour. Pour plus de transparence, le cadre unitaire des associations de retraités du Sénégal réclame tout simplement un audit de l’IPRES.

Par Ibrahima Diallo (Dakar, correspondance)
Le 22/12/2016 à 07h53, mis à jour le 22/12/2016 à 07h57