Avez-vous déjà vu en Afrique subsaharienne notamment en Afrique de l'ouest deux femmes se disputer? Cela ne se termine jamais sans que l'une d'elle fasse la moue bruyante qui canalise tout le mépris qu'elle voue à l'autre. Il s'agit du fameux "tchipatou" que les femmes seules savent faire en se serrant les dents tout en inspirant profondément de sorte de produire un bruit si particulier, synonyme de dédain et de mépris. Sauf que pour la petite histoire, cela se passe, cette fois, au tribunal de Dakar et la méprisée n'est autre la magistrate, présidente d'une simple audience.
Malheureusement pour la jeune dame Anta Ndiaye, la magistrate Fatou Ngom prend, son travail très au sérieux. Comme tous les présidents de tribunal elle tient à faire respecter son autorité quand elle siège. Agée d’un peu plus de 20 ans, Anta Ndiaye était au tribunal des flagrants délits pour avoir fait cette moue à l'africaine montrant son mépris à la magistrate, Fatou Ngom.
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Un bref rappel des faits qui conduiront l'infortunée en prison s'impose. Le 23 mars 2017, en compagnie de sa tante, Yacine, Anta Ndiaye était venue chercher un extrait de naissance, qu'elle n'a jamais eu malgré ses 20 ans d'âge. Cela arrive souvent que des personnes venus du village ne soient jamais inscrites sur les registres d'Etat civil.
S'étant pointé au tribunal à 8 heures, les deux femmes ont dû attendre jusqu’à 15 heures pour être reçues par la magistrate qui a demandé à Anta Ndiaye les copies de cartes d'identité de ses parents. Cette dernière s’exécuta en remettant à l’autorité les documents requis. Par la suite elle précisera que son père était décédé. Mais cette précision, Anta Ndiaye n’allait pas la faire si elle avait deviné la suite des évènements.
C’est en ce moment que la magistrate Fatou Ngom somma Anta Ndiaye à revenir prochainement quand elle aura complété son dossier. Elle devra donc revenir ultérieurement, malgré ses 7 heures d’attente, avec le certificat de décès de son père. Sidérée par la réponse de la magistrate, elle n'a pas pu s'empêcher de sortir cette fameuse moue bruyante.
Malheureusement pour elle, la magistrate prit très mal son geste et la taxa d’impolie. Madame la présidente ordonna son arrestation fissa. Présentée au tribunal pour outrage à magistrat, Anta Ndiaye nia les faits qui lui sont reprochés en soutenant que la moue s’adressait à sa tante. Interrogée à son tour, la tante Yacine affirma que sa nièce méprisait une autre personne présente à son audience avec la magistrate. Les choses vont alors s’enchaîner pour Anta Ndiaye. A cause de la réponse de la tante contredisant celle d’Anta Ndiaye, le parquet se range alors du côté de la magistrate Fatou Ngom en requérant une peine de 3 mois de prison ferme à l’encontre de la fille.
Il faut rappeler tout de même que toute parole, geste ou menace, écrit ou image rendus publics ou l’envoi d’objets quelconques adressés à une personne chargée d’une mission de service public, dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de sa mission, et de nature à porter atteinte à sa dignité ou au respect de son institution, peuvent être qualifiés d’outrage.
Vu sous cet angle juridique, la prévenue Anta Ndiaye est donc fautive si la moue était bien adressée à la magistrate. Toutefois, il faut reconnaitre la sévérité de la condamnation requise par le parquet à son encontre qui pour une simple moue, va passer les 3 prochains mois en prison. Ce serait alors bien d’imaginer la magistrate, Fatou Ngom chez les voisins ivoiriens qui semble-t-il, ont la plus longue moue bruyante de l’Afrique de l’Ouest. Après cela, il ne serait pas étonnant que les réseaux sociaux lancent le défi du tchipatou le plus bruyant.