Sénégal: la centrale à charbon de Sendou dans la ligne de mire de la BAD

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Le 22/04/2017 à 15h07, mis à jour le 22/04/2017 à 15h20

La polémique sur la centrale de Sendou à Dakar dépasse le cadre des communautés riveraines. La Banque africaine de développement (BAD) va diligenter une enquête pour évaluer la conformité du projet de construction de cette centrale à charbon contestée par les populations de Bargny-Minam.

La finalisation du projet de la centrale à charbon de Sendou risque de connaître du retard. Et pour cause, et suite aux contestations des communautés riveraines à cause de son impact environnemental, «le Conseil d’administration du groupe de la Banque africaine de développement (BAD) a approuvé l’évaluation de la recevabilité d'une vérification de la conformité du projet de construction d’une centrale à charbon de 125 MW dans le village de Bargny Minam au Sénégal, financé par la BAD», selon lun communiqué de l'institution panafricaine.

Avec cette approbation, la BAD demande aux experts du Mécanisme indépendant d’inspection d’approfondir les recherches afin de clarifier les craintes des communautés de Bargny. Ces dernières mettent en avant les conséquences environnementales et sanitaires de ce projet qui risque de provoquer la pollution des eaux de surfaces et souterraines.

Les populations de Bargny soulignent que le choix du site d’accueil du projet est en violation du Code national de l’environnement. Et pour cause, il expose les communautés de la région à la pollution de l’air du fait du non respect des normes environnementales et à la vulnérabilité en perturbant éventuellement leurs moyens de subsistance. De même, elles avancent l’absence d’un Plan d’action pour la réinstallation (PAR) à même d'atténuer l’impact social du projet sur les populations déplacées.

Le site de la centrale est stuée à environ 600 mètres de l’océan Atlantique et près de 2km de Bargny et de Minam, un village de pécheurs de 600 habitants.

Pour rappel, le charbon devant faire fonctionner cette centrale est importée, déchargée au port de Dakar et transportés au site de stockage de la centrale par des camions avec des risques de pollution de l'environnement.

Face à ces craintes, la BAD juge «impératif de mettre en place des mesures d’atténuation suffisantes avant que la centrale ne devienne opérationnelle d’ici fin 2017».

Pour rappel, la BAD avait approuvé en 2009 le financement de ce projet d’un montant de 206 millions d’euros à côté d’autres acteurs financiers dont la Banque ouest-africaine de développement (BOAD). Elle avait accordé un prêt privilégié de 55 millions d’euros au Sénégal et une rallonge de 5 millions d’euros.

La centrale de Sendou devrait produire 925 GWh d’électricité par an et contribuer à la diversification des sources électriques dominées par des centrales au diésel. C’est dans ce cadre de cette diversification que s’inscrit aussi la réalisation de petites centrales solaires et éoliennes visant une production d'électricité propre. 

Par Kofi Gabriel
Le 22/04/2017 à 15h07, mis à jour le 22/04/2017 à 15h20