Dimanche, le Sénégal a annoncé une opération militaire dans cette région du sud du pays, en vue de «démanteler» les bases du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC).
La Casamance, séparée du nord du Sénégal par la Gambie, est le théâtre d'un des plus vieux conflits du continent depuis que des indépendantistes ont pris le maquis avec un armement rudimentaire après la répression d'une marche du MFDC en décembre 1982.
La rébellion a prospéré sur le particularisme de cette région fertile mais isolée en grande partie du Sénégal par la Gambie et encline au sentiment de délaissement. Le conflit a fait plusieurs milliers de morts.
Depuis dimanche, des résidents gambiens apeurés par les tirs d'artillerie ont commencé à fuir leurs habitations pour se mettre à l'abri, loin des opérations de l'armée sénégalaise.
Lire aussi : Le Sénégal annonce une opération contre la rébellion en Casamance
«Nous n'avions jamais été confrontés à une situation si terrible», a dit à l'AFP Ismaila Bojang, dans le village de Bujinha à cinq kilomètres de la frontière où des dizaines de Gambiens se sont réfugiés.
Bojang, chef traditionnel de Karrol, un village frontalier, a raconté que l'opération de l'armée sénégalaise a déclenché des incendies dans cette région forestière et tué du bétail.
«Nous sommes ici mais nos pensées sont à Karrol», a-t-il dit.
Selon une autre habitante du village, Tuti Jammeh, certains ont fui Karrol pieds nus. «Nous avons entendu des tirs et il fallait partir», a-t-elle dit avant d'ajouter qu'elle allait s'éloigner davantage de la frontière car elle pouvait encore entendre les tirs depuis Bujinha.
Le nombre de personnes déplacées en Gambie reste incertain mercredi. Toutefois, un habitant de Bujinha a estimé que plus d'une centaine de personnes venues de la frontière sont entrées dans le village.
Lire aussi : Sénégal: appel à la fin des actions militaires en Casamance pour des négociations
Par ailleurs, un village voisin a également accueilli des déplacés, selon la même source.
Le gouvernement gambien a promis d'aider les personnes déplacées et le président Adama Barrow a ordonné des patrouilles renforcées près de la frontière, affirmant qu'il protégerait le petit Etat «contre toute menace étrangère».
Les rebelles casamançais, accusés de faire du trafic de bois et de cannabis, se sont souvent réfugiés en Gambie ou en Guinée-Bissau, qui a également une frontière commune avec le Sénégal.
Le conflit de faible intensité s'était de nouveau animé l'an dernier lorsque le Sénégal a lancé une offensive pour déloger les rebelles.
Le président sénégalais Macky Sall a fait de la «paix définitive» en Casamance, la priorité de son second mandat.