En plein cœur de la commune de Yopougon à Siporex, c’est dans le gros caniveau en bordure de la voie publique, que les riverains déversent les ordures. Là, comme dans toutes les communes de la capitale abidjanaise, le constat est amer, ces canaux conçus pour l’écoulement des eaux de ruissellement devenus des nids de bouteilles, des sachets plastiques et autres déchets, en un mot, des dépotoirs pour des riverains.
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À chaque coin de rue, les caniveaux semblent débordés par des amas d’immondices. Comme le confie Assane Samira, «les gens jettent tout dans les caniveaux parce qu’il n’y a pas assez de bacs à ordures. Ici par exemple, les femmes qui vendent dans les gares, ont fait des caniveaux, leurs poubelles. Donc qu’on ne s’étonne pas que les caniveaux soient remplis d’ordre. Et en saison de pluie, quand il pleut, tout déborde et les eaux sales rentrent même dans nos maisons», décrie la commerçante.
Témoins de ces actes, certains pointent du doigt l’incivisme des riverains et des passants. Les nombreuses plaintes n’ont pas changé la situation.
« Nos autorités ont déjà fait leur part en construisant ces infrastructures, il revient à nous maintenant d’avoir des comportements écocitoyens en jetant pas nos bouteilles d’eau et sachet plastiques dans les caniveaux, même si on déplore l’absence de bacs à poubelle dans les rues. Ce sont ces gestes qui font que les caniveaux soient le plus souvent obstrués, et quand les eaux usées et de ruissellement ne coulent pas, c’est à des maladies que cela nous expose», déplore Claver Valio, commerçant à Gabriel gare de Yopougon.
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Les impacts de cette situation sont nombreux. Sur le plan sanitaire, les eaux stagnantes favorisent la prolifération des moustiques et des maladies hydriques telles que le paludisme, la fièvre typhoïde ou le choléra.
Sur le plan environnemental, ces déchets obstruent les canalisations, entraînant des inondations à chaque forte pluie. «Ce n’est pas bon pour l’image d’Abidjan en tant que ville vitrine. Il faut que les autorités réfléchissent de près ce problème», renchérit Mamadou Soumahoro, chef d’entreprise. Pour lui, les collectivités territoriales notamment les autorités municipales ont démissionné.
Comme lui, nombreux Abidjanais dénoncent l’inaction des autorités communales. D’autres reconnaissent aussi la part de responsabilité des citoyens. «Souvent on épure les caniveaux, mais les jours d’après, les gens recommencent. Tant que les mentalités ne changent pas, on ne s’en sortira pas».
Afin d’amener les récidivistes à un changement de comportement pour le maintien de la salubrité, mais surtout un meilleur entretien des caniveaux, d’autres préconisent de situer les responsabilités, responsabiliser chaque acteur.
Adingra Kouakou, chauffeur de taxi, propose qu’il faut, «renforcer la sensibilisation dans les quartiers sur les dangers liés au jet d’ordures dans les caniveaux, installer davantage de bacs à ordures et assurer un nettoyage régulier des caniveaux». Et d’ajouter, après cela passer à la répression, «il faut sanctionner les contrevenants pour décourager les comportements inciviques. Impliquer les communautés locales dans les opérations de nettoyage afin d’en faire une action collective» préconise le chauffeur de taxi.
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A Abidjan, le problème des caniveaux devenus poubelles, est autant une question d’infrastructures qu’une affaire de comportement. Si rien n’est fait, la capitale économique ivoirienne risque de payer un lourd tribut environnemental et sanitaire. L’assainissement passe avant tout par un changement durable des mentalités.







