Abidjan. De dépose-minute à parkings: la longue et cahoteuse route vers le civisme urbain

Un dépose-minute d'Abidjan transformé en parking.

Le 24/01/2025 à 11h14

Pour fluidifier la circulation à Abidjan, des points d’arrêt minute ont été érigés au profit des transports en commun. Cependant, d’indélicats automobilistes se servent de ces zones pour stationner leur voiture contraignant bus et taxis à débarquer leurs passagers au milieu de la chaussée. Le civisme fait marche arrière.

Les arrêts minute initiés par l’Autorité de la mobilité urbaine dans le Grand Abidjan (AMUGA) avaient pour but de fluidifier la circulation en offrant des points d’embarquement et de débarquement des passagers. Cette initiative visait également à réduire le désordre provoqué par les «gbakamen», ces chauffeurs de minibus communaux souvent accusés de s’arrêter en plein milieu de la chaussée pour embarquer ou débarquer des passagers. Cependant, ces points d’arrêt, pourtant marqués au sol et clairement identifiables, sont aujourd’hui pris en otage par des véhicules particuliers qui les transforment en parkings.

À Yopougon, les taxis communaux et gbakas ne pouvant plus accéder aux arrêts minute, sont contraints d’embarquer et de débarquer leurs passagers directement sur la chaussée, augmentant les risques d’accidents et les embouteillages monstres. «Ces points étaient censés nous faciliter le travail, mais ils sont inutilisables à cause des voitures personnelles garées en permanence», se plaint Fofana Amara, chauffeur de gbaka.

Les usagers, quant à eux, ne cachent pas leur mécontentement. «C’est un véritable danger pour nous. Nous sommes obligés de descendre au milieu de la route, au risque de nous faire renverser», explique Clarisse Amenan, une habitante de Yopougon.

Certains chauffeurs de taxis communaux dénoncent l’absence de contrôle de la part des autorités compétentes. «Ces arrêts devraient être surveillés. Mais personne ne fait respecter les règles», poursuit Fofana Amara.

Face à cette situation, les responsables syndicaux envisagent de prendre leur responsabilité et de réagir fermement afin de rétablir l’ordre sur ces axes. «Nous ne pouvons pas continuer à travailler dans ces conditions. Nous allons organiser une rencontre avec les autorités municipales et l’AMUGA pour exiger que ces points soient libérés», affirme Sidiki Konaté, président du syndicat des chauffeurs professionnels de Côte d’Ivoire.

Ces derniers réclament également des sanctions strictes contre les propriétaires de véhicules personnels qui occupent ces espaces qui leur sont dédiés. Pour les habitants de Yopougon et les autres communes concernées, la balle est désormais dans le camp des autorités, qui doivent renforcer les contrôles et réaffirmer l’utilité publique de ces infrastructures.


Par Emmanuel Djidja (Abidjan, correspondance)
Le 24/01/2025 à 11h14