Mais après avoir constaté devenir «faible lorsque les effets de la drogue s’estompent», il a décidé de se sevrer et de suivre un traitement à l’hôpital régional de Nkwanta.
«Le processus n’a pas été facile, mais je sais que c’est le meilleur choix», a-t-il confié à l’AFP il y a quelques mois.
A l’image de M. Twum, les consommateurs de drogues dures sont de plus en plus nombreux en Afrique de l’ouest, plaque tournante des trafics internationaux de longue date devenue haut lieu de la contrebande locale.
«Une fois que la drogue a trouvé son chemin dans le système, même si l’objectif initial est de l’exporter vers d’autres pays, une partie se retrouve dans le pays», a déclaré à l’AFP Alexander Twum Barimah, directeur général adjoint de la Commission de contrôle des stupéfiants au Ghana.
L’Afrique de l’Ouest est depuis longtemps «une escale naturelle» pour les drogues, principalement la cocaïne en provenance d’Amérique latine, qui transitent vers l’Afrique du Nord et l’Europe, principalement par voie maritime, mais de plus en plus par voie terrestre, selon un rapport de 2024 de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC).
Lire aussi : Sierra Leone: le président Bio fait de la lutte contre la drogue une «urgence nationale»
Selon l’Initiative mondiale contre la criminalité transnationale et organisée (GI-TOC), jusqu’à 30% de la cocaïne européenne pourrait transiter par l’Afrique de l’Ouest et au moins 126,4 tonnes de cocaïne ont été saisies dans la région entre 2019 et 2024, selon l’ONU.
Si les profits liés à la drogue sont plus élevés en Europe, une partie de la contrebande finit par être détournée en cours de route, notamment lorsque les petits trafiquants sont rétribués en nature.
L’ONU a également averti que le trafic de drogues finance des groupes armés, notamment les rebelles du nord du Mali.
Selon les données de 2019 de l’ENACT, un groupe de recherche spécialisé dans le crime organisé, l’Afrique de l’Ouest affiche déjà le taux de consommation de drogue le plus élevé du continent.
Ce chiffre devrait augmenter dans les années à venir, selon Akanidomo Ibanga, responsable du projet pour le Nigeria à l’ONUDC, en raison du trafic, de la prolifération des conflits et des groupes armés, ainsi que de l’explosion démographique des jeunes confrontés à un manque d’emplois et d’opportunités économiques.
Lire aussi : Drogues: zone de transit, l'Afrique de l'Ouest devient aussi une zone de consommation, alerte l'ONU
Les données de l’ONU pour 2019 indiquaient que 14,4% des Nigérians âgés de 15 à 64 ans (14 millions de personnes) avaient consommé des drogues au cours de l’année écoulée, soit plus du double de la moyenne mondiale de 5,6%.
Manque de centres de désintoxication
La Sierra Leone, qui ne dispose que d’un seul hôpital psychiatrique, est actuellement confrontée à une épidémie de consommation de kush, un cannabinoïde synthétique utilisé localement, ainsi que de crack, dérivé de la cocaïne.
Ibrahim Kargbo, directeur principal de l’Agence nationale de lutte contre les stupéfiants, a déclaré à l’AFP que son agence s’inquiétait de voir le pays «devenir rapidement un corridor de trafic».
Devant l’augmentation de la demande, plusieurs pays d’Afrique de l’ouest ont vu fleurir les laboratoires où sont confectionnées les drogues.
Entre 2019 et 2024, le Niger a démantelé deux laboratoires qui fabriquaient du crack pour le marché local, tandis que le Sénégal a démantelé une installation de traitement de la cocaïne.
Le Nigeria est devenu un producteur de méthamphétamines.
Bien que le problème de la toxicomanie ne soit pas nouveau en Afrique de l’Ouest, les pays de la région ont du mal à faire face à l’afflux de consommateurs.
Lire aussi : En Sierra Leone, une nouvelle drogue fait des ravages chez les jeunes
Selon un recensement réalisé en 2022, six Etats du Nigeria ne disposent d’aucun centre de traitement de la toxicomanie, tandis que neuf autres n’en ont qu’un seul.
L’ensemble du pays le plus peuplé d’Afrique, qui compte plus de 220 millions d’habitants, ne dispose que de 2.500 lits, estime M. Ibanga, ce qui signifie qu’environ 10.000 personnes peuvent être traitées chaque année, sur les 3 millions de Nigérians estimés souffrir d’un trouble lié à la consommation de drogues.
Dans une rue calme de la banlieue d’Abuja, les bureaux de Vanguard Against Drug Abuse se trouvent derrière un portail anonyme afin de préserver l’intimité des personnes qui y séjournent.
À l’intérieur, on trouve des échiquiers, une table de ping-pong et des salles de réunion pour les thérapies de groupe.
Le tarif mensuel y est de 600.000 nairas pour une thérapie en hospitalisation, soit près de neuf fois le salaire minimum.
Mais les quelque 500 personnes que Vanguard traite chaque année en hospitalisation et en ambulatoire «ne suffisent pas», a déclaré le fondateur de l’association, le docteur Abraham Hope Omeiza, à l’AFP.