La criminalité est une réalité profondément enracinée dans la Nation arc-en-ciel, exacerbée par la pauvreté, le chômage et les inégalités qui définissent encore le quotidien de millions de citoyens, 29 ans après l’abolition du régime ségrégationniste de l’apartheid.
Les dernières statistiques présentées par le ministre de la Police, Bheki Cele, sur la situation de la criminalité dans le pays confirment largement ce constat. Les crimes violents prennent ainsi des dimensions alarmantes, avec des meurtres, des viols, des cambriolages, des détournements et autres crimes qui défraient la chronique.
Les chiffres présentés la semaine dernière au Parlement montrent que le bain de sang se poursuit sans relâche. Le pays a ainsi enregistré 49.226 cas d’agression durant le premier trimestre de cette année, soit une augmentation de 3.480 cas par rapport à l’année dernière.
Dans cette même veine, le nombre total de crimes avec contact, y compris les vols qualifiés et les tentatives de meurtre, a augmenté de 6.299 cas au cours de la même période, soit une hausse de 4%. Quant aux vols avec circonstances aggravantes qui ont été signalés durant cette période, ils ont été de 34.460 cas, soit une augmentation de 1.677, tandis que les vols qualifiés ont été de 11.744 cas, avec une hausse de 957 cas par rapport à 2022.
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Concernant le fléau de la violence à l’égard des femmes, malgré une légère baisse des viols signalés de 2,8%, les chiffres continuent d’être choquants : l’Afrique du Sud a connu plus de 10.500 cas d’agression sexuelle au cours des trois premiers mois de l’année.
Les crimes de contact commis contre les femmes au premier trimestre de cette année ont également connu une augmentation dans trois catégories, les tentatives de meurtre étant en tête avec 21,5 %, soit 263 cas de plus. Les meurtres de femmes ont augmenté de 7,9 % durant cette période, soit 71 cas supplémentaires par rapports à l’année dernière.
Dans un autre volet, une augmentation préoccupante des attaques contre les convoyeurs de fonds a été constatée, avec 64 incidents signalés dans les différentes régions du pays. Il s’agit de 11 cas de plus par rapport à la même période de l’an dernier, soit une hausse de 20,8 %.
Selon les experts, cette situation d’insécurité qui sévit dans le pays est aggravée par la prolifération des armes à feu illégales. Jacob Mofokeng, expert en sûreté et sécurité publiques, a expliqué que la recrudescence de la violence en Afrique du Sud a été favorisée par l’incapacité des autorités à contrôler la circulation des armes à feu qui tombent dans les mains des criminels.
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Dans ce contexte, les organisations de la société civile ne cessent de tirer la sonnette d’alarme. L’ONG «Gun Free South Africa» a récemment appelé les autorités à renforcer les mesures visant à lutter contre ce fléau, dans un contexte marqué par une criminalité galopante dans tout le pays. «Le gouvernement doit agir de toute urgence pour récupérer et détruire les armes illégales qui circulent librement dans le pays», a déclaré Claire Taylor, chercheure au sein de cette organisation, au lendemain de la publication des statistiques trimestrielles sur la criminalité.
«Cela signifie que 31 personnes sont tuées par balle chaque jour en Afrique du Sud, contre 23 au cours du trimestre précédent», a déploré Mme Taylor, notant que la plupart des crimes sont commis avec des armes à feu illégales.
Alors que le pays traverse un contexte socio-économique très délicat, marqué par une exacerbation du chômage et une inflation obstinément élevée, les Sud-africains doivent s’attendre au pire alors que les crimes violents ne montrent aucun signe de ralentissement.