Afrique: la résurgence de cas de Mpox inquiète

22 cas officiels de variole de singe (Mpox) en Afrique du Sud.

Le 07/08/2024 à 08h04

Une nouvelle souche du Mpox (ou variole du singe) identifiée en République démocratique du Congo (RDC) puis signalée dans plusieurs pays voisins fait craindre une propagation de ce virus, deux ans après la précédente épidémie mondiale.

Cette souche, détectée en RDC en septembre 2023 et baptisée «Clade Ib», est plus mortelle et plus transmissible que les précédentes et se transmet de personne à personne, s’inquiète l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

Cette dernière envisage depuis dimanche de convoquer un comité d’experts pour déterminer s’il faut qualifier cette épidémie d’urgence internationale - son plus haut niveau d’alerte qu’elle avait déclenché lors d’une épidémie mondiale de Mpox en 2022.

La «Clade Ib» fait apparaître des éruptions cutanées sur tout le corps, quand les précédentes souches étaient caractérisées par des éruptions et des lésions localisées, sur la bouche, le visage ou les parties génitales.

En RDC, au 3 août, l’Agence de santé de l’Union africaine Africa CDC (Centres de contrôle et de prévention des maladies du continent), dénombrait 14.479 cas confirmés et suspects et de 455 morts, soit une létalité d’environ 3%.

Selon des chercheurs de ce pays d’Afrique centrale, le taux de mortalité de cette souche peut atteindre 10% chez les enfants et le nombre de cas est en «augmentation exponentielle», a reconnu le gouvernement congolais en juillet.

«La maladie a été enregistrée dans les camps de déplacés autour de Goma, au Nord-Kivu, où l’extrême densité de la population rend la situation très critique. Les risques d’explosion sont réels vu les énormes mouvements de population» dans cette région de conflit frontalière de plusieurs pays, précise le coordinateur médical de Médecins sans frontières (MSF) dans ce pays, Louis Albert Massing.

Or «Ib» a déjà franchi les frontières: ces deux dernières semaines, des cas ont été observés en Ouganda, au Burundi, au Rwanda et au Kenya, affirme à l’AFP Rosamund Lewis, responsable de la riposte au Mpox à l’OMS.

Meilleur dépistage

Les autorités de ces quatre pays ont confirmé l’existence de cas sur leur territoire, notamment au Burundi où 127 ont été relevés, sans préciser la souche concernée, tandis que la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) exhorte les gouvernements à «éduquer leurs citoyens sur la manière de se protéger et de prévenir la propagation» du virus.

«C’est la première fois que ces pays à l’est de la RDC notifient des cas de variole simienne. Le Rwanda, le Burundi, l’Ouganda, ce sont des pays qui n’ont pas cette maladie de façon endémique (...) ça veut dire que c’est une extension de l’épidémie qui sévit en RDC et en Afrique centrale de façon générale», explique Rosamund Lewis.

Africa CDC rapporte également 35 cas suspects et confirmés dont deux décès au Cameroun, 146 cas dont un mort au Congo-Brazzaville, 227 cas en République centrafricaine, 24 au Nigeria, 5 au Liberia et 4 cas au Ghana.

Et en Afrique de l’Ouest, la Côte d’Ivoire a récemment signalé 6 cas confirmés non mortels, dont cinq dans la capitale économique Abidjan, sans identifier la souche.

Le Mpox a été découvert pour la première fois chez des humains en 1970 dans l’actuelle RDC (ex-Zaïre), avec la diffusion du sous-type Clade I (dont le nouveau variant est une mutation), principalement limitée depuis à des pays de l’ouest et du centre de l’Afrique, les malades étant généralement contaminés par des animaux infectés.

En mai 2022, des contaminations de Mpox se sont produites dans le monde entier, via un autre sous-type du virus affectant principalement les hommes homosexuels et bisexuels et qui avait fait quelque 140 morts sur environ 90.000 cas dans 111 pays. Le responsable était le sous-type Clade II.

Cette épidémie «sévit toujours» rappelle Rosamund Lewis, notamment en Afrique du Sud où 24 cas ont été enregistrés dont trois mortel, mais elle est «contrôlée» et circule moins. Le Mpox «reste une menace pour la santé mondiale», abondait début juillet le chef de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.

«Les pays sont capables de les dépister», note Rosamund Lewis, grâce à un système de surveillance des maladies, des laboratoires et une communication avec les communautés touchées.

Cette meilleure surveillance du Mpox peut expliquer la hausse récente du nombre de cas, ajoute la directrice de la prévention des épidémies à l’OMS, Maria Van Kerkhove, qui confirme toutefois une préoccupation autour de Clade Ib.

S’«il n’y a pas beaucoup de vaccins», quelques-uns peuvent quand même être utilisés pour le Mpox, ajoute-t-elle. Des négociations sont en cours entre l’OMS et les pays concernés pour en autoriser, indique Rosamund Lewis.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 07/08/2024 à 08h04