Des dizaines de magasins et entrepôts de Luanda ont été pillés et des véhicules attaqués lundi et mardi lorsqu’une grève contre une hausse des prix du carburant a dégénéré en l’un des épisodes de contestation les plus violents depuis des années dans ce pays riche en pétrole. Les troubles se sont étendus à plusieurs provinces.
Parmi les 30 morts figure un policier. Quelque 270 personnes ont été blessées, dont dix membres des forces de l’ordre, selon le décompte du porte-parole de la police nationale, qui n’en a pas précisé les circonstances.
Manifestants, ONG et parti d’opposition accusent les forces de sécurité d’en être responsables.
«Les forces de l’ordre ont agi dans le cadre de leurs obligations», a déclaré vendredi le président dans sa première allocution depuis les événements.
Joao Lourenço a dénoncé des «crimes punissables et condamnables». Tout en présentant ses «plus sincères condoléances à toutes les familles endeuillées», il a adressé ses «remerciements aux forces de l’ordre».
Plus de 1.500 personnes ont été arrêtées, 118 entreprises vandalisées et 24 bus publics attaqués, selon la police. «Nous condamnons fermement de tels actes criminels, nous déplorons la perte de vies humaines...» a encore déclaré le président, annonçant que le gouvernement aiderait les entreprises pillées à reconstituer leurs stocks.
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M. Lourenço, du parti MPLA au pouvoir depuis l’indépendance du Portugal en 1975, n’a pas mentionné la hausse des prix du carburant du 1er juillet, qui a conduit à une série de manifestations dans un pays au niveau de pauvreté élevé en dépit de ses vastes richesses pétrolières.
Opposition et organisations de la société civile, qui ont aussi dénoncé les actes de vandalisme, accusent les forces de sécurité d’usage excessif de la force.
Les pillages illustrent «la faim et l’extrême pauvreté affectant une majorité d’Angolais», ont dénoncé conjointement plusieurs ONG locales de défense des droits humains.
«L’expression légitime de l’indignation du peuple ne saurait servir de justification au fait de tuer des gens sans défense», ajoutent les ONG.
Parmi les victimes, la mort de Silvia Mubiala, mère de six enfants, tuée par balle alors qu’elle tentait de protéger son petit garçon, a causé un vif émoi sur les réseaux sociaux.