Cela fait deux ans que le journaliste Martinez Zogo a été sauvagement assassiné. Et cela fait deux ans que le procès traine en longueur, à pas de tortue. Martinez Zogo, journaliste et chef de chaine de la radio urbaine Amplitude FM, a été froidement assassiné dans un lieu inconnu avant que sa dépouille ne soit retrouvée quelques jours après à Soa, une banlieue de Yaoundé. Dernier affront fait à cette voix libre, son cadavre a été mutilé.
L’enquête immédiatement ouverte par les autorités compétentes avait alors permis d’interpeller 17 personnes parmi lesquelles des hauts gradés des forces de défense et de police, et d’imminents hommes d’affaires tous de nationalité camerounaise. Toutes ces personnes avaient d’ailleurs été inculpées pour divers chefs d’accusation notamment torture, assassinat, usurpation d’un titre, conspiration de torture, d’arrestation et séquestration, coaction d’assassinat, complicité de torture et violation de consigne.
Lire aussi : Procès de l’assassinat de Martinez Zogo au Cameroun: un 15eme renvoi qui fait craindre un déni de justice
Depuis le 25 mars 2024, date de l’ouverture effective de ce procès au tribunal militaire de Yaoundé après plus d’un an d’instruction, les audiences se suivent et se ressemblent presque puisqu’elles se limitent aux débats sur les exceptions présentées par les différentes parties à ce procès. Et c’est d’ailleurs ce contentieux sur le plan de la forme qui retarde visiblement la procédure, la cour d’appel du centre ayant été saisie pour donner la conduite à tenir avant d’amorcer le fond de cette histoire d’une rare violence qui a couté la vie au présentateur vedette de l’émission Embouteillage diffusée de lundi à vendredi entre 10 heures et 12 heures dans la capitale politique du Cameroun.
La famille de l’illustre disparu, ses amis, ses collègues et connaissances avaient pourtant cru que l’ouverture de ce procès était un moment historique pour que justice soit rendue à ce professionnel des médias qui dénonçait sans aucune réserve plusieurs tares de la société camerounaise comme la mal gouvernance et les détournements des deniers publics. Seulement plus de deux ans après, rien n’a quasiment évolué.
Lire aussi : Cameroun: assassinat de Martinez Zogo, la justice à pas de tortue
Ce procès va de renvois à renvois au grand désarroi des populations qui ont soif de voir le verdict de cette affaire tomber. «Je crois sincèrement que ce procès ne va pas aboutir à la condamnation des personnes qui ont commandité et assassiné ce jeune homme. L’implication de la politique est évidente, c’est la raison pour laquelle je pense qu’il est temps d’organiser les obsèques de Martinez Zogo pour que son âme repose en paix», a déclaré un habitant de Yaoundé rencontré au quartier Omnisport.