Depuis le 15 avril, la guerre pour le pouvoir entre l’armée dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane et les Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo a fait 7.500 morts et près de cinq millions de déplacés et de réfugiés.
Le bilan réel est en réalité bien supérieur car de nombreuses zones du pays sont totalement coupées du monde, notamment le Darfour, dans l’ouest frontalier du Tchad, et les deux camps refusent de communiquer leurs pertes.
Dimanche, les bombardements de l’armée, la seule à posséder des avions de combat dans ce conflit, ont commencé tôt le matin sur le quartier du marché de Qouro, dans le sud de Khartoum.
Le comité de résistance de ce quartier, l’un des groupes prodémocratie qui organisent depuis le début de la guerre l’entraide entre les habitants, a dénoncé un «massacre».
Hôpital débordé
Les raids, affirme-t-il, «ont été menés vers 07H15 (05H15 GMT) sur le marché de Qouro».
Depuis, les blessés et les dépouilles n’ont cessé d’être transférés vers l’hôpital le plus proche, Bachaïr, l’un des tout derniers encore en fonctionnement dans la capitale où vivent encore cinq millions de personnes, terrées chez elles par peur des tirs croisés, sans eau ni électricité la plupart du temps.
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Le nombre de morts s’élève désormais à «au moins 40», indiquent les militants. Ils disent toutefois craindre un bilan encore plus lourd alors que des «blessés arrivent encore à l’hôpital Bachaïr».
Cet hôpital a lancé des appels «urgents», enjoignant tous les médecins de la zone à se présenter en raison de l’afflux des blessés.
L’armée est en difficulté à Khartoum, où les paramilitaires tiennent les quartiers résidentiels où ils ont installé leurs bases au milieu des maisons il y a des années.
Elle répond avec des raids aériens devenus plus violents -et surtout plus meurtriers pour les civils- pour tenter d’y reprendre pied.
Alors que sur le plan militaire, les FSR semblent avoir le dessus, le général Burhane, lui, multiplie les visites à l’étranger pour tenter de s’imposer comme l’unique interlocuteur pour régler la crise au Soudan.
Tensions diplomatiques
Assiégé par les paramilitaires durant plus de quatre mois au QG de l’armée à Khartoum, il est parvenu fin août à rejoindre Port-Soudan, ville côtière de l’Est épargnée par les combats où l’ONU et les autorités soudanaises se sont installées.
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Là, il siège désormais à la fois comme chef de l’armée et comme président des autorités de transition, dont il a limogé les civils avec son putsch de 2021.
Les multiples tentatives internationales de médiation ont jusqu’ici échoué, notamment, estiment les experts, parce que les canaux diplomatiques se multiplient et se font concurrence.
D’un côté, Saoudiens et Américains tentent de prendre la main. De l’autre, l’Union africaine (UA) et l’Igad, l’organisation de l’Afrique de l’Est, prônent «des solutions africaines aux problèmes africains».
Les relations se sont tendues entre l’armée et l’UA après une rencontre la semaine dernière entre un de ses dirigeants et un responsable des FSR.
Le ministère des Affaires étrangères soudanais a estimé que l’organisation panafricaine «ne devrait pas accorder de place à des mouvements rebelles ou des milices terroristes».
Et samedi, le général Burhane a affirmé «ne pas avoir besoin de l’aide» de l’UA si l’organisation panafricaine ne changeait pas d’approche.
Le Soudan avait été suspendu de l’UA suite au putsch de 2021.