Ebolowa est le chef-lieu de la région du Sud-Cameroun, à environ 160 kilomètres de la capitale Yaoundé. Ebolowa est constitué de quartiers résidentiels, d’un centre urbain attrayant, des espaces marchands bien équipés mais aussi des quartiers périphériques où l’on retrouve tout type d’activités.
Au quartier Oding, lieu-dit descente chefferie, c’est l’activité de transformation des déchets de bois en charbon de bois qui prospère et presque tous les habitants y sont impliqués, comme le jeune Yves Bilounga rencontré sur les lieux, «c’est notre gagne-pain. Nos portons les résidus de bois des scieries, les déchargeons et les transformons en charbon. Le charbon produit est écoulé sur les marchés de Yaoundé et de Douala à raison de 4.000 Fcfa le sac de 50 kilogrammes», a-t-il déclaré.
Des forêts entières qui partent en fumée
Mais cette activité n’est pas sans conséquences sur l’environnement forestier. D’après les statistiques camerounaises, «la consommation annuelle de charbon de bois est estimée à 375.000 tonnes. Le marché global pèse 17 milliards de francs CFA (26 millions d’euros) par an. Plus de la moitié de ce charbon est utilisée à Douala et Yaoundé, les deux grandes villes du pays. En zone rurale, 91 % de ménages utilisent plutôt le bois de chauffe».
Cependant, avec cette production massive, le phénomène de déforestation s’accentue de 3% par an. Selon la plateforme de surveillance des forêts Global Forest Watch, le Cameroun a perdu en 2020 plus de 100.000 hectares de forêts tropicales. «De 2002 à 2023, le Cameroun a perdu 976.000 hectares de forêts primaires humides, ce qui représente 49% de sa perte totale de la couverture arborée au cours de la même période. La superficie totale de forêts primaires humides en Cameroun a diminué de 5.1% au cours de cette période.» En 2020, le Cameroun possédait 34,5 Millions d’hectares de forêt naturelle, s’étendant sur 74% de sa superficie.
Pour un autre ouvrier d‘Ebolowa dans la région du Sud du pays, la fabrication de ce produit exige de la force, de l’abnégation et surtout la maitrise des techniques comme le choix du bon bois pour qu’il produise du charbon de qualité, «c’est grâce à ce travail que j’ai pu construire ma maison. Je n’ai pas assez de difficultés à nourrir ma famille ou à scolariser mes enfants. Je me bats vraiment, ici le plus petit débrouillard gagne 3.000 fcfa au quotidien (4,6 euros). Ce sont des élèves».
Cependant, aucun de ces ouvriers ne porte le moindre équipement de protection s’exposant ainsi exposant aux maladies respiratoires comme la bronchite, l’asthme et les différentes maladies pulmonaires ajoutées au cancer du poumon.
Au Cameroun, le charbon de bois s’utilise comme une source alternative d’énergies. Les grands consommateurs se comptent entre autres parmi les industries de fabrication du pain et d’autres produits de la boulangerie, les charcuteries et les ménages en profitent également avec des fours adaptés à leurs demandes. Seulement, la chaine de fabrication de ce produit n’est guère reluisante à cause de plusieurs paramètres qui mettent en mal la protection de la nature et la santé des ouvriers.