L’on s’imagine bien que vivre sans le père de ses enfants et réussir à subvenir aux besoins de sa famille n’est pas de tout repos. Les femmes célibataires au Cameroun en sont bien conscientes. Elles qui se battent bec et ongles pour garantir un avenir radieux à leurs progénitures.
«J’ai fait 4 enfants avec un monsieur qui m’a finalement abandonnée, me laissant seule à les élever. Il est allé fonder un autre foyer où visiblement il est à l’aise. Depuis lors, je suis obligée de jouer à la fois le rôle de la mère et du père», a déclaré une dame que nous avons rencontrée dans un quartier à Yaoundé.
Pour parvenir à payer les différentes factures, dame Martine s’est lancée dans le petit commerce de produits frais au marché de Mokolo où aucun produit ne lui échappe. «Je vends tout ce qui est produit au village. Si j’achète un produit à 3.000 Fcfa, je peux le revendre à 4.000 ou 5.000 Fcfa. Le bénéfice de la journée me permet de payer le loyer, nourrir mes enfants, assurer leur éducation et les vêtir», dit-elle.
Comme elle, plusieurs autres femmes vivent cette même tourmente. Jeunes et moins jeunes, elles sont contraintes de se priver de tout ce qui pourrait faire plaisir à une femme, comme les beaux vêtements, les chaussures et les bijoux. Celles qu’on appelle mères célibataires se sacrifient pour mettre leurs enfants à l’abri du besoin.
Ces dames-là ne sont pas uniquement celles qui ont été abandonnées par leurs conjoints, parmi elles il y a également les veuves. Josiane, une jeune coiffeuse en fait partie. «Mon mari est mort quand notre première fille avait à peine neuf ans, son cadet avait six ans et je venais d’accoucher de la dernière. À ce jour, la première est l’université de Yaoundé 1. Mais pour que j’y parvienne, ce n’était pas évident, puisque ma belle-famille m’avait tourné le dos parce que j’avais refusé d’épouser le frère de mon défunt mari. Je me suis ainsi appuyée sur mon Dieu qui m’a aidée à entretenir ma famille», témoigne-t-elle, la gorge nouée par l’émotion.
Se pose alors la question de savoir combien sont-elles au Cameroun à diriger seules leur foyer? D’près l’Enquête démographique et de santé du Cameroun de 2018, 26% des ménages étaient dirigés par des femmes, dont 23,40% en milieu rural. Pour une population de près de 30 millions d’habitants, cela fait beaucoup.
Nombreuses femmes qui vivent cette situation appellent les autorités à accorder une attention particulière à leurs cris et pleurs pour que tous les parents prennent en fin conscience du tort qu’ils causent à leur famille et donc à toute la société.