Cameroun: le suicide prend des proportions alarmantes

Une rue de Yaoundé.

Le 14/02/2025 à 08h08

VidéoIl ne se passe pas un mois sans que la presse ne rapporte un cas de suicide dans une des localités du pays. Si la majorité des citoyens accusent la dépression comme principale cause, les psychologues insistent sur le dialogue avec les personnes les plus exposées.

Le Cameroun est classé parmi les 10 premiers pays africains qui ont enregistré le taux de suicide le plus élevé ces vingt dernières années dans le continent. Les statistiques sanitaires mondiales révélaient en 2020 que ce taux était passé de 4,9 en 2012 à 12,2 en 2016 pour 100.000 habitants. Actuellement, le taux de suicide serait d’environ 20.0 pour la même proportion de population.

Pour de nombreux psychologues, le manque d’une véritable solidarité autour des personnes exposées à ce phénomène, est la principale cause de la montée en puissance des cas de suicide dans le pays. Géneviève Bell est une psychologue clinicienne établie au quartier Ekoudou de Yaoundé apporte son éclairage, «les personnes dépressives manquent d’une réelle assistance de leur entourage. Lorsqu’une personne commence à dire des paroles alarmantes, s’isole de plus en plus ou se jette subitement dans la consommation de l’alcool ou de la drogue, il est évident que cette personne éprouve des difficultés qu’elle ne veut pas partager avec ses proches si ceux-ci ne lui demandent. Et malheureusement, le plus souvent, son entourage ne prête pas une oreille attentive à ses cris silencieux», a-t-elle déclaré.

Dans les rues de la capitale politique Yaoundé, de nombreux citoyens énumèrent ce qui est pour eux les causes d’un tel phénomène: maladies incurables comme le sida, l’abandon familial, la perte des biens dans un pari ou un projet mal ficelé, la déception amoureuse.

Ce dernier avis est d’ailleurs soutenu par Jean Kapso, un ferrailleur du quartier Mokolo-Elobi, «les gens se suicident plus au sein de leur foyer, surtout si le mari est monogame. Lorsque sa femme le déçoit malgré tous ses efforts, il préfère se donner la mort pour échapper à l’humiliation». Cet avis est partagé par plusieurs autres personnes qui conseillent la polygamie plutôt que le contraire. Les hommes de science appellent à la solidarité de tous pour vaincre le mal-être et partant, le suicide.

Par Jean-Paul Mbia (Yaounde, correspondance)
Le 14/02/2025 à 08h08