En Afrique en général et au Cameroun en particulier, la bonne santé d’un humain ne dépend pas seulement de la science mais aussi de son environnement et de ses croyances ancestrales. La vie d’un homme commence ainsi dès sa conception, voire bien avant. Et pour s’assurer d’une progéniture saine, les descendants doivent scrupuleusement respecter les interdits légués par leurs aïeux, faute de quoi les conséquences pourraient être désastreuses et irréversibles.
Ces croyances n’épargnent pas certaines femmes enceintes. Issues des communautés diverses, nombreuses sont priées de s’abstenir de consommer un certain nombre d’aliments jugés néfastes pour la croissance, l’épanouissement et le bien-être du fœtus. Dans la grande communauté ekang par exemple, les femmes enceintes doivent éviter de manger les reptiles de peur que leurs bébés, une fois nés, aient le même aspect physique que ces animaux.
«Lorsque vous voyez un bébé ramper sur le ventre, il faut comprendre que sa mère mangeait du serpent pendant qu’elle était enceinte. Je crois que vous avez déjà entendu parler des enfants-serpents. Ils ont l’aspect physique semblable à celui du reptile. Toutes les fois que j’attends un bébé, je respecte ces interdits», nous confie Minette Mevouta, originaire de la région du sud-Cameroun.
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Une autre dame indique que certaines malformations faciales, à l’exemple du bec de lièvre, sont parfois la conséquence d’une mère qui mangeait les pattes de bœuf ou de chèvre. Dans d’autres communautés, il est interdit à la femme enceinte de manger des œufs bouillis de peur de voir son bébé naitre sans le moindre cheveu. Il y a bien aussi des comportements à éviter, notamment regarder un cadavre ou écraser une larme à cause d’un décès. Dans ces cas, la femme enceinte peut accoucher d’un mort-né.
Des interdits qui sont diversement appréciés dans la société où de nombreux citoyens estiment que ce sont des avis dépassés par le temps. «Ces choses-là ne sont plus vraies, si elles l’étaient dans le passé. Le monde évolue et les hommes doivent suivre les signes du temps au lieu de rester dans leurs imaginaires», déclare un jeune homme rencontré dans un quartier de Yaoundé.
Pour lui comme pour la plupart des jeunes de son âge, il est temps que certains comportements du passé lointain ne s’appliquent plus aux nouvelles générations.